L'adolescence ...l'âge ingrat, l'âge des plaisirs, ou l'individu se cherche dans le monde qui l'entoure, développant les défauts et qualités qui le définiront à l'âge adulte. Un âge ou l'individu se cherche, confronté au désire sexuel, le désire de réussite, d'être reconnu à sa juste valeur. Il se créé un but, une raison d'être, qui lui fera ressentir joie et déception dans lesquelles il apprendra à se connaitre. Un âge naïf que Hollywood à parfaitement saisi, créant des films à succès qui vont jusqu'à chercher à toucher les adolescents, parmi lesquels le genre du teenage movie, un des genres plus codifié allant de l'horreur à la comédie, mais certain on réussi à y insuffler une pâte artistique comme Sofia Coppola et son "Virgin Suicides" ou "The Spectacular Now" récemment.
Metteur en scène de deux cours métrages Richard Kelly n'a que 25 ans quand on lui propose de réaliser son premier film, c'est un parfait inconnu qui pourtant est en train de créer une oeuvre générationnelle, un film qui mettra le monde à ses pieds. Pourtant à sa sortie "Donnie Darko" n'attire pas grand monde et ne se rembourse même pas auprès du public alors que son budget ne s'élevait pas au plafond (4 millions de dollars). Mais "Donnie Darko" devait être un film culte.
Imaginez que vous avez le choix, que vous pouvez changer la destinée de vos proches et du monde auquel vous êtes relié en modifiant un événement et ses conséquences pour le monde qui vous entoure. Donnie Darko -le héros du film- va avoir ce choix dans 28 jours, 6 heures, 42 minutes et 12 secondes, il va devoir résoudre une anomalie temporelle en modifiant une situation qui s'est déjà passée, qui est ici le crash d'un réacteur ce qui aura pour conséquence d'avoir des répercutions sur le présent.
Un scénario autant complexe qu'il n'est inventif, mais qui est ici que la partie émergée d'un iceberg d'une complexité incroyable, une exploration d'une réalité parallèle pleine d'éléments de narration, celle d'une présence divine dont on ne saura jamais rien et dont Donnie n'est que le bras armé choisit pour réparer le continuum espace temps.
Kelly parvient à saisir toute cette complexité dans une esthétique très grand public, sans aucune perte de rythme "Donnie Darko" est un film jouissif qui instaure une atmosphère incomparable, celle de la fin des temps, jouant ainsi sur les sens. Le film qui pourtant se passe dans une banlieue inondée de clichés, mère dépressive, professeur anti-conformiste ou pom-pom girl. Mais finalement que voit on à l'écran ? Le reflet d'un personnage tourmenté ? Ou un piège sur les hallucinations humaines ? Paradoxalement limpide comme un lac d'eau douce, un lac ou l'adolescence gâchée est métaphore de la fin du monde et ou ce récit schizophrénique laisse songeur. À la manière d'un David Lynch, Kelly déconstruit la narration et lui offre plusieurs interprétations indéchiffrables. L'intelligence de la mise en scène quant à elle surprend, alternant les genres avec brio, clarté et sensibilité inoubliable. Sublimée par une musique d'ambiance somptueuse.
Magnifique allégorie sur l'adolescence, "Donnie Darko" n'en reste qu'une claque totale à tous les niveaux, un spleen ou la mélancolie gagne une force inouïe, un jeu d'ombre labyrinthique ou le lapin de "Alice au pays des Merveilles" se prend une sacrée colle.
Brillant. Juste brillant.