Un bon petit polar des années 1980 dont on dit qu’il a inspiré Fast and Furious, et ma foi, il y a des airs, c’est vrai, mais en vrai, tous les films d’infiltration se ressemblent ou presque. C’est souvent la thématique de l’amitié trahie ou impossible qui est au cœur du propos, et ici, bingo ! Sincèrement, le film tient surtout grâce à un excellent Charlie Sheen, convaincant en golden boy sympathique de prime abord mais beaucoup plus sombre et violent dans les faits. Le film, au demeurant, séduit par ce côté gris, trouble, de plus en plus poisseux qui fait monter la tension. D. B. Sweeney est plus fade, plus effacé, et si ça ne pose pas spécialement souci ici, puisque ça correspond aussi à son personnage, il se fait clairement voler la vedette tout du long par Sheen. Au milieu, Lara Harris trouve une place ambigüe. Evidemment, on comprend assez vite quel sera son rôle, et c’est dommage de ne pas en avoir fait un usage un peu plus poussé qui aurait pu, peut-être donner plus de relief au scénario. A noter un Randy Quaid dans un rôle énervé, le genre de rôle qu’il affectionne spécialement (dans la fiction comme dans la vie d’ailleurs !).
Le scénario est assez classique dans son déroulé, et je dois dire qu’il déçoit un peu. Une fois posé le décorum, il traine légèrement et la dernière partie, le climax comme on dit, tant à s’amollir. La manière dont se révèle la situation de Sweeney, notamment, est assez facile, et on peut aussi trouver facile la manière dont Sheen, pourtant sans état d’âme, tolère Sweeney dans cette dernière partie. A mon sens, ça vire un peu incohérent et quand on y réfléchit, le métrage a un propos assez basique. Alors oui, dans l’ensemble on ne s’ennuie pas, c’est plutôt plaisant, mais il manque de l’intensité, de la dramaturgie, et sans doute un peu plus de cohérence dans l’épilogue.
Formellement, on appréciera les scènes d’action convaincantes, le film offrant quelques scènes de poursuite sympa, et la petite touche violente typique des années 80 et qui manque aujourd’hui dans de nombreux métrages du genre. C’est simple, efficace, avec une photographie et des décors qui n’ont rien d’exceptionnel mais ne déçoivent pas non plus. Malgré tout, il faut le reconnaître, la musique de Poledouris, très nerveuse (très Poledouris du reste !) est pour beaucoup dans le côté entrainant de l’action.
En clair, un bon petit polar divertissant et efficace. A mon sens, il n’y a rien qu’on a pas déjà vu ailleurs en mieux, mais la mécanique est bien huilée, Charlie Sheen est solide, l’ensemble divertit et c’est bien le principal ! 3