J'en gardais un souvenir assez vague car vu il y a longtemps (et trop jeune) : le revoir a été un enchantement. Véritable emblème du cinéma du Front Populaire, « La Belle Équipe » a tout bon du début à la fin : cela paraît tout simple, mais Julien Duvivier montre ici une science de la réalisation, du récit rendant presque chaque scène touchante, voire franchement émouvante. Dialogues, enjeux, personnages, interprétation : tout est d'une juste incroyable, chaque mot, chaque échange semblant avoir été étudié pour toucher au cœur. Pourtant, pas de grandes phrases ou d'envolées lyriques, mais une vraie belle histoire d'amitié, d'une formidable générosité, où le cinéaste fait preuve d'un superbe esprit collectif, à l'image d'une mise en scène faisant la part belle aux scènes de « foule », bannissant presque le moindre gros plan. Cette humanité débordante n'empêche toutefois pas la profonde noirceur du récit, à base de destin, de malchance, de rencontres fatales, incarnées avec une sensualité, un venin parfaitement caractéristique du talent de la somptueuse Viviane Romance. Le léger recul m'empêche de lui mettre une note supérieure, car m'ayant un peu moins marqué que d'autres titres majeurs de l'époque (ceux de Duvivier, compris, évidemment), mais une œuvre magnifiquement représentative de son époque, emblématique d'un cinéma français alors au sommet de son art : une très, très belle équipe.