« Il était chauvin, et partial, comme tout homme bien né, et pratiquait une certaine forme de religion, basée sur la certitude que Dieu était béarnais. »
Réalisateur qui occupera le devant de la scène du cinéma populaire entre comédies (Taxi, Roulotte et Corrida, 1958), films d’aventures (trois OSS 117), de cape et d’épée (Le Bossu, 1959) et nanars franchouillards (Les Quatre Charlots Mousquetaires, 1974), André Hunebelle confie le scénario de sa troisième réalisation (Mission à Tanger, 1949) à un tout jeune auteur encore inconnu : Michel Audiard. En tout, les deux hommes travailleront six fois ensemble et ces Trois Mousquetaires est leur cinquième collaboration.
Pour accompagner Georges Marchal, acteur éclectique et comédien de talent un peu tombé dans l’oublie, on retrouve Bourvil en fidèle compagnon, rôle qu’il occupera encore dans ses trois autres collaborations avec Hunebelle, tous films de cape et d’épée (Cadet Rousselle, 1954, Le Bossu, 1959, Le Capitan, 1960), Gino Cervi en Porthos, Jean Martinelli en Athos et le jeune Jacques François en Aramis. La plupart des autres interprètes n’a hélas pas laissé un souvenir impérissable malgré une carrière parfois riche, que ce soit au cinéma ou au théâtre.
Si l’on fait l’impasse sur un montage-recoupage assez approximatif, sur le sexisme outrancier d’une autre époque et sur quelques invraisemblances mineures (le « jeune » d’Artagnan interprété par un Georges Marchal de 33 ans et de nombreuses libertés prises avec le roman d’Alexandre Dumas qui prenait lui-même pas mal de libertés avec l’Histoire), on devra noter que les costumes et, surtout, les décors (notamment les nombreuses scènes d’auberges) sont, pour l’époque, assez somptueux et que le rythme du film est soutenu, partagé entre humour, jolies scènes de combat et intrigues, le tout porté par le sens de la répartie et de la formule de Michel Audiard, dans la tradition de Sacha Guitry, sexisme compris, racontant l’Histoire. Quand on est plus habitué aux audiardises de gangsters, revoir et réentendre ce genre de film offre un plaisir certain.
Hélas, une fois encore, Audiard excelle plus dans les dialogues qu’au scénario et cette histoire, déjà dense à l’origine, finit par s’entortiller dans des péripéties secondaires inutiles. Malgré tout comédie assez bien interprétée, en somme, notamment par Bourvil, avec de beaux combats, un peu trop rares, et pas mal de bon dialogues et des décors magnifiques, ces Trois Mousquetaires se regarde facilement à qui n’est pas trop difficile.