Très inspiré par « Grape of Wrath » (« Les raisins de la colère ») réalisé dix ans auparavant par John Ford que Pietro Germi admirait énormément, « Il Cammino Della speranza » (« Les chemins de l’espérance » traite également de ceux que la perte d’emploi a jeté sur les routes. Comme dans le roman de Steinbeck, le film suit un petit groupe au sein duquel se trouve un homme fort, interprété par Raf Valone dont le jeu ressemble justement à celui d’Henry Fonda dans « Les raisins ». A partir du roman « Cuori negli abissi » de Nino Di Maria, Germi, Tullio Pinelli et le jeune Federico Fellini développeront un scénario au plus prés des personnages du petit groupe, avec au passage une vision aussi désagréable mais réaliste des syndicats (comme dans « Les raisins »). Semblable à celle de Ford, la mise en scène de Germi est dense et précise sans un seul plan qui ne soit pas utile, apportant densité et concision au récit. Comme Ford il sait également trouver des moments de respiration comme le dîner dansant dans la ferme, mais sans atteindre la grâce et le génie du maître. Comme dans « In nomme della legge » (« Au nom de la loi ») les cadrages et mouvement de caméra de Leonida Barboni rappellent le cinéma japonais (le chambara inspira les spaghetti westerns de Leone quinze ans plus tard). Pellicule superbe, réalisée en décors naturels, de la Sicile aux neiges des Alpes. La musique de Carlo Rusticelli est tellement juste qu’elle se fait oublier quand il le faut. Enfin l’interprétation, y compris des rôles secondaire, est souvent excellente. Seule fausse note, Elena Varzi qui passe d’un immobiliste pesant, sorti tout droit de l’actor studio, à une émotion surjouée. Sa médiocre carrière se résumera majoritairement à donner la réplique dans les films ou joue Raf Valone qui l’épousera deux ans plus tard. C’est le deuxième film où le cinéaste, pourtant lui même acteur, ne maîtrise pas le rôle féminin principal. Autre point faible, la dernière partie du film, avec une bagarre mal filmée (ce n’était pas non plus le point fort de John Ford) et une séquence finale plutôt Walt Disney, qui peut soit faire couler des larmes, soit produire un haussement d’épaule agacé. Reparti bredouille de Cannes mais Ours d’argent à Berlin en 1951.