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ronny1
36 abonnés
913 critiques
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3,5
Publiée le 26 mai 2018
Très inspiré par « Grape of Wrath » (« Les raisins de la colère ») réalisé dix ans auparavant par John Ford que Pietro Germi admirait énormément, « Il Cammino Della speranza » (« Les chemins de l’espérance » traite également de ceux que la perte d’emploi a jeté sur les routes. Comme dans le roman de Steinbeck, le film suit un petit groupe au sein duquel se trouve un homme fort, interprété par Raf Valone dont le jeu ressemble justement à celui d’Henry Fonda dans « Les raisins ». A partir du roman « Cuori negli abissi » de Nino Di Maria, Germi, Tullio Pinelli et le jeune Federico Fellini développeront un scénario au plus prés des personnages du petit groupe, avec au passage une vision aussi désagréable mais réaliste des syndicats (comme dans « Les raisins »). Semblable à celle de Ford, la mise en scène de Germi est dense et précise sans un seul plan qui ne soit pas utile, apportant densité et concision au récit. Comme Ford il sait également trouver des moments de respiration comme le dîner dansant dans la ferme, mais sans atteindre la grâce et le génie du maître. Comme dans « In nomme della legge » (« Au nom de la loi ») les cadrages et mouvement de caméra de Leonida Barboni rappellent le cinéma japonais (le chambara inspira les spaghetti westerns de Leone quinze ans plus tard). Pellicule superbe, réalisée en décors naturels, de la Sicile aux neiges des Alpes. La musique de Carlo Rusticelli est tellement juste qu’elle se fait oublier quand il le faut. Enfin l’interprétation, y compris des rôles secondaire, est souvent excellente. Seule fausse note, Elena Varzi qui passe d’un immobiliste pesant, sorti tout droit de l’actor studio, à une émotion surjouée. Sa médiocre carrière se résumera majoritairement à donner la réplique dans les films ou joue Raf Valone qui l’épousera deux ans plus tard. C’est le deuxième film où le cinéaste, pourtant lui même acteur, ne maîtrise pas le rôle féminin principal. Autre point faible, la dernière partie du film, avec une bagarre mal filmée (ce n’était pas non plus le point fort de John Ford) et une séquence finale plutôt Walt Disney, qui peut soit faire couler des larmes, soit produire un haussement d’épaule agacé. Reparti bredouille de Cannes mais Ours d’argent à Berlin en 1951.
Superbe film puissant et fort. C’est un véritable exode pour ces siciliens à la recherche de leur « buena fortuna ». C’est émouvant, dur et sensible. Une aventure humaine très belle et prenante.
Une fois la mine de soufre fermée, les habitants d'un petit village sicilien n'ont d'autre choix que de suivre un passeur pour la France. Co-scénarisé par Fellini, le film appartient à la veine néo-réaliste la plus pure. Un chemin de croix pour ces émigrants, jusqu'à la traversée des Alpes, avec des moments tragiques filmés dans un noir et blanc époustouflant. Germi est un grand.
La réédition en salle du quatrième long métrage de Pietro Germi, est l'occasion de voir ou de revoir ce film peu diffusé.
La filmographie de Germi ne bénéficie pas de la même réputation que celle d'autres cinéastes transalpins de son âge d'or. C'est à tort quand on se rappelle de la qualité de " divorce à l'italienne" et de " séduite et abandonnée", sans parler de la palme d'or obtenue par Germi en 1966 " ces messieurs dames".
Les options politiques et les déclarations du cinéaste à l'égard du puissant PCi de l'époque ne sont peut-être pas étrangères à cette relative désaffection de son travail.
" Les chemins..." repose sur un scénario qui conte l'histoire de siciliens victimes de la fermeture d'une mine de soufre, qui tentent de traverser l'Italie pour rejoindre clandestinement la France afin d'y travailler.
Réflexion sur l'immigration économique, le film est finalement toujours d'actualité.
Des trois réalisations sorties ensemble sur les écrans, dans le cadre d'une réédition, c'est sans doute l'opus de Germi le moins accompli. Cependant, il mérite largement le coup d'oeil, ne serait ce que pour son thème et la présence de Elena Varzi qui connut son futur époux ( Raf Valone) sur le tournage. Elle est magnifique.
Bon film, pourtant mal accueilli par la critique qui jusqu'à une époque récente considérait la revendication de frontières ouvertes (ce qui constitue le message porté par la chute du film) comme une ineptie. Le film a mûri et retient l'attention sur d'autres sujets. Notamment, l'idée que l'on puisse faire travailler de jeunes enfants et en plus au noir dans une Europe pourtant contemporaine! Cela nous évoque plutôt le 19è siècle. Si le film porte son âge c'est donc avec la puissance du témoignage historique. Il nous renseigne plus sur les constructions sociales et politiques inattaquables qui ont dorénavant été réalisées et qui doivent être défendues que sur des combats restant à mener. Au-delà des message portés, Le Chemin de l'espérance est un film choral, filmé en décors naturels souvent somptueux, de la Sicile aux neiges des Alpes en passant par Naples ou Saint-Pierre de Rome. C'est une aventure riche en rebondissements et non dénuée d'analyse psychologique. Cependant l'écriture à quatre mains nuit un peu au film, tiraillé entre une volonté de démontrer la nécessité d'un certain universalisme et l'idée de démontrer le danger provoqué par une émigration illusoire.
Après- guerre si beaucoup de cinéastes italiens étaient proches du PCI , Pietro Germi se distinguait par une veine plus sociale-Chrétienne , en témoigne ne serait ce que le titre du film, mais aussi le périple et ses obstacles entrepris par ce petit groupe de migrants siciliens ,en route pour la France , destination aux allures de Terre Promise. Le film se débarrasse également à bon compte de la figure du syndicaliste et de l'anarchiste associé à celle du délinquant illuminé. Le film possède par ailleurs de beaux moments au lyrisme revendiqué qui ne sont pas sans rappeler les Raisins de la Colère de John Ford.
Sans connaissance aiguë du contexte de tournage et sans idée de la valeur historique du film (qui est grande, soyons clair), on ne peut guère que contester les prix que l'oeuvre a reçus. Car il faudrait bien ça pour expliquer ce qui a pu séduire le jury chez ces acteurs dont le nombre est inversement proportionnel aux émotions exprimées. Les personnages sont d'une légèreté phénoménale, dont l'amertume se manifeste dans le mutisme et l'amour dans les cris de pamoison. La mort elle-même ne coûte que trente secondes de lamentations, tandis qu'un médecin miraculeux peut l'éloigner d'un coup de malette magique. Non, vraiment trop léger.