Film au casting impressionnant, La Tour Infernale est un classique des films catastrophes que je n’avais jusqu’à lors jamais eu le courage de regarder (2 heure 45 c’est quand même longuet). Mais j’ai finalement pris mon courage à deux mains, et je n’ai pas été déçu, même si ce n’est pas à mon sens le chef-d’œuvre absolu du genre.
Coté acteurs je relève un excellent Paul Newman. Il est crédible dans son rôle, offre une prestation enlevé et convaincante, sans en faire trop du point de vue de l’héroïsme, et sans non plus passer pour le gars totalement quelconque. Il s’en tire mieux que Steve McQueen. Ce-dernier est pas mal non plus, mais il en rajoute un peu trop dans l’héroïsme justement, et s’avère un peu monolithique dans son jeu, qui n’arrive pas à convaincre totalement. En revanche le film peu s’appuyer sur d’excellents seconds rôles, de William Holden au surprenant Richard Chamberlain et en passant par une Faye Dunaway solide dans un rôle relativement lisse. Pour ma part les acteurs m’ont quand même paru être très positifs pour le film, bien que globalement un peu en dessous de leur légende.
Le scénario est en revanche très bien maitrisé. Tenir 2 heures 45 avec ce type d’histoire qui nécessite des rebondissements en continue, cela demande du lourd, et c’est réussi. En dehors du démarrage, un peu poussif, et de quelques scènes qui tirent en longueur, le rythme est enlevé, l’action au rendez-vous émaillée de quelques scènes spectaculaires, même si certains effets ont vieilli. Les dialogues sont intéressants, l’opération des pompiers bien représentée, et il y a des moments intenses qui valent le coup. La conclusion en revanche est un poil tiré par les cheveux, et ne m’a pas totalement convaincu, mais Guillermin mène suffisamment la danse pour ne pas sombrer dans le ridicule. Par ailleurs excellente fluidité, et très bonne gradation.
Visuellement la mise en scène tient la baraque. Guillermin est dans son élément et livre une mise en scène ample, souvent épique, parfaitement adaptée au sujet. Il y a quelques petits ratés avec les extérieurs, où il semble moins bien s’accommoder des contraintes de l’époque, puisque le tournage a eu tout de même pas mal recours à des maquettes. Du coup il y a un certain manque de scènes vertigineuses. La photographie est tout à fait convaincante. Elle est sobre, réaliste, et exploite très bien l’élément feu. Enfin les décors sont excellents, et même si on sent parfois la maquette, c’est vraiment bien fait et l’immersion n’est pas du tout gênée. On y croit. Les scènes d’action sont nombreuses, d’un bel effet, et les effets pyrotechniques tiennent la route. Honnêtement c’était un peu l’élément qui me faisait peur, mais c’est toujours percutant, dynamique et efficace. Enfin la bande son est tout à fait dans le ton est même si elle sert surtout à l’ambiance de fond, ne laissant pas de thème mémorable, elle a un rôle d’importance.
Au final La Tour Infernale est un film catastrophe tout à fait réussi, et est probablement le meilleur film de Guillermin. Il n’est pas parfait, même pour l’époque, car on sent un McQueen pas tout à fait dans son assiette, il y a quelques longueurs et quelques redondances, et de petites approximations de mise en scène. Pour autant un film catastrophe de 1974 qui dure 2 heure 40 et reste un divertissement prenant et crédible, il n’y en a pas 10000, et cela montre que la recette est parfaitement huilée. 4.5.