Les années 70 ont été marquées au cinéma par l'explosion du film catastrophe. Un genre très codifié, présentant une galerie de personnages divers, souvent incarnés par plusieurs stars. Situés au mauvais endroit au mauvais moment, avec une menace qui monte crescendo (animaux, insectes, tremblements de terre, incendie, accident, virus...), ceux-ci feront l'objet d'un jeu de massacre. "The Towering Inferno" est sans doute, encore à ce jour, l'un des plus réussis du genre. Ici, c'est l'inauguration de la plus haute tour du monde, construite à San Francisco, qui tourne au vinaigre. Un incendie se déclare car un contractuel peu scrupuleux n'a pas respecté le cahier des charges, et les flammes vont envahir peu à peu l'immeuble, devant des pompiers désemparés. Initialement, il s'agissait en fait de deux projets concurrents, l'un mené par la Fox, l'autre par la Warner. Le producteur Irwin Allen a alors eu la clairvoyance et l'habilité de faire travailler les deux studios de concert, pour produire un seul film. C'est peut-être ce qui explique le côté faste de l'ensemble, qui aligne les décors et les superbes maquettes (par exemple, la caractéristique des flammes ne trahit jamais qu'il s'agit d'une maquette et non d'un vrai immeuble). D'ailleurs, techniquement l'ensemble est impeccable, et livre plusieurs scènes enflammées qui font sans mal leur petit effet, encore aujourd'hui. Mais "The Towering Inferno", ce n'est pas seulement des morts enflammées à l'écran. C'est aussi un film qui prend son temps (2h45 !) sans jamais ennuyer son spectateur. Les personnages font l'objet d'un développement, sans pour autant faire de fioriture. Et la menace monte lentement mais sûrement et efficacement, la tour se transformant peu à peu de gala étoilé en un piège de verre infernal. L'intrigue se révèle ensuite extrêmement riche en péripéties, les scénaristes ne semblant jamais à court d'idées en termes d'obstacles à imposer à nos héros ! Soulignons également des protagonistes assez forts. Steve McQueen en chef des pompiers au calme olympien, qui n'hésite pas à mouiller la chemise (permettant au passage de rendre hommage aux combattants du feu). Paul Newman en architecte excédé par les libertés prises par les promoteurs, mais qui ira jusqu'au bout pour tenter de sauver la situation. Richard Chamberlain, amusant en salaud de service. William Holden et Fred Astaire apportent quand à eux beaucoup de couleurs en personnages secondaires, de même que Faye Dunaway. "The Towering Inferno" est donc un grand spectacle des plus efficaces, qui n'a rien perdu de son aura et de sa force.