Il y a maintenant pas mal d'années, un vieux monsieur, qui était aussi mon voisin (qu'il repose en paix), m'avait dit, à propos de Werner Herzog, quelque chose qui ressemblait à ça : "Même si Herzog te montrera des moments d'humanité dans ses films, sois sûr qu'il te lancera toujours au visage ce qu'elle peut avoir de pire, sois également sûr qu'il ne laissera jamais aucun espoir à ses personnages". Vous aviez bien raison Monsieur. Jamais cette phrase ne m'a semblé aussi vrai qu'en regardant cette "Ballde de Bruno", mettant en scène un homme aloolique, à la fois attachant et pathétique, quittant son Allemagne natale pour les États-Unis en pensant (comme tant d'autres l'ont pensé avant) que tout serait mieux et plus facile là-bas. Peine perdue. Sans jamais montrer, ni peine, ni dégoût, ni colère, ni tout autre sentiment, Bruno va voir la réalité le rattraper tout doucement jusqu'à le mener à une issue (qu'à titre personnel, j'ai trouvé très bien amenée) crève-coeur pour le spectateur, mais salvatrice pour lui. Rien n'étant jamais parfait (ni les oeuvres, ni les fondamentaux qui les régissent), on pourra toujours trouver certains défauts récurrents à ce cinéma allemand des années 70 mais, contrairement à la Nouvelle Vague Française dont il s'inspire, il avait beaucoup de choses à dire.