Fresque jouée en 1932 par d’authentiques nains, lilliputiens, gnomes, femme à barbe, androgyne, hommes-troncs, sœurs siamoises, géant, amputés et malformations diverses, pour une époque trop scandalisée par le manque d’éthique et la violence. Amputé donc par deux fois par la censure, et malgré les jeux et rythme d’il y a 85 ans, ce classique du cinéma conserve encore son pouvoir de malaise et de dénonciation d’une forme de racisme injuste et tragique.
Dans la communauté de bêtes de foire d’un cirque, incluant aussi des gens valides et même des beautés, le nain illusionniste, quoique très friqué, a parfaitement conscience de son aspect grotesque et tombe amoureux de la vénus du groupe, allant jusqu’à trahir son amie naine et ses idéaux, tandis que ladite dulcinée, maitresse du colosse, n’y voit qu’une occasion de piège funeste et intéressé. Malgré leurs différends, la « monstrueuse » communauté saura faire preuve d’une confraternité de l’extrême pour réparer la malveillance.
Au travers d’une simple affaire d’amour perverti et de justice particulière, le film montre d’abord l’adaptation gestuelle spectaculaire de certains handicaps. Y éclate aussi la hiérarchie sociale, professionnelle et affective, entre eux, par des plaisanteries, légères ou humiliantes, spécifiques à leurs conditions et douleurs respectives. Et surtout il ne peut que rappeler un prélude au futur excellent Elephant man, par une cruelle démonstration discontinue de leur ségrégation par les personnes normales, qu’elle soit involontaire ou malveillante, et ici spécifiquement par ceux qui s’avéreront les plus monstrueux de l’histoire.