Le Choix d'aimer, c'était avant tout le choix de faire ce film. Du sur mesure avoué de la part de Schumacher pour Julia Roberts. C'est un film qui n'est pas nul et qui a quelques idées, mais il est évident que ce n'était pas le genre du réalisateur de faire une telle création. Preuve principale : c'est un film clairement fracturé en deux, la première partie ne servant qu'à préparer - médiocrement - le terrain à la seconde, qui contient le propos ciblé par le film, lequel réussit l'exploit d'être inattendu (parce qu'il sort de nulle part) tout en étant prévisible dès qu'on est dedans.
Le personnage de Julia Roberts est campé en vitesse. Celui de Campbell Scott (connais pas), encore plus. En fait, les deux personnages se rencontrent par le biais d'une entrevue qui est bien pratique pour faire tenir plein de choses en peu de place, ainsi que pour se débarrasser au plus vite de la question posée par Roberts : « pourquoi m'avez-vous choisie ? » Machin Scott ne répond pas et la question restera posée pour le spectateur.
L'impulsivité et la naïveté de Roberts sont malvenues dans son rôle, et jurent avec l'aisance de l'actrice. Elle représente la jeune femme qui trouve un travail mêlant chance et désillusion (à savoir s'occuper de Machin Scott, dont le personnage est leucémique) et doit illustrer un choc des mondes ; elle vient d'un milieu ni modeste ni rupin (donc chiant à mourir) et lui est fils d'un grand industriel. Sur cette base absolument pas réchauffée et absolument pas cliché, un montage hâché va essayer de nous faire comprendre - en vain - que là n'est pas l'intérêt de l'œuvre. Je dis « en vain », car cette partie du film est très longue et, rappellez-vous, la suite est inattendue.
Le film se reprend en main par la force de nous faire oublier ses erreurs. Une fois le vif du sujet lancé, la tendresse s'installe. Machin Scott semblait bizarrement mieux jouer sans cheveux (question de charisme ? Le bandana lui allait bien...) mais le couple qu'il forme avec Roberts est agréable, faute de nous faire vibrer. On aura l'impression, tout de même, que quelque chose émane de ces contrées nord-nord-américaines, et l'ambiance nous baignera le temps de reprendre nos repères. Mais quand le générique arrive, le bain est déjà froid - heureusement que D'Onofrio apporte du bain moussant comme cadeau de Noël (aussi bien dans l'histoire que métaphoriquement) -, ou bien l'on verrait encore les erreurs du film flotter à sa surface.
septiemeartetdemi.com