D'abord, il faut quand même dire que les perruques sont absolument épouvantables pour tous les acteurs !!!
Passé ce détail (qui finit par avoir son importance sur un film de 2h20... je ne voyais plus que ça à la fin), c'est un film populaire et divertissant. Le scénario est d'un romanesque convenu (les "frères" ennemis, la rivalité amoureuse qui se mue en rivalité politique, la naissance de Céline... tout cela a des accents de roman historique du XIXème qui recherche l'exaltation des sentiments plus que la véracité historique), mais agréable à suivre, le problème étant que le manque de surprise anesthésie quelque peu l'émotion. Une reconstitution d'époque soignée, quelques batailles pataudes (mais bon, on n'est pas dans un film hollywoodien, et de plus ce film a maintenant plus de trente ans, les codes de représentation ont changé, et on ne traite plus la violence de la même manière (bon, j'ai évoqué les perruques, mais les effets spéciaux "sanglants" sont vraiment ratés, une sorte de ketchup vermillon assez ignoble...), quelques longueurs, mais le plaisir de revoir quelques comédiens de valeur, à commencer par l'excellent Philippe Noiret, le bondissant Stéphane Freiss, et un Jean-Pierre Cassel glaçant. A mon sens, Sophie Marceau a un jeu trop "moderne" (voire pas trop de jeu...) qui détonne par rapport aux autres comédiens, mais il est évident que son emploi est surtout d'être jolie, ce dont elle s'acquitte très convenablement (en dépit de ses invraisemblables ajouts capillaires, mais je me répète là... ^^). Lambert Wilson livre une partition un peu scolaire, qui peine à convaincre totalement, notamment lorsqu'il est censé basculer dans la frénésie guerrière et la jalousie (et il doit quand même supporter une improbable construction capillaire gominée et augmentée, le tout reteint en noir corbeau avec des éclats roussâtres... exquis !!!.... et dois-je commenter son maquillage crayeux qui lui donne le teint gris et des lèvres livides ?)
Bref, c'est du divertissement à la de Broca, qui tente de reprendre la veine aventures historico-romancées qui a fait son succès. Cela fonctionne grâce à son savoir-faire, mais sans éclat particulier, peut-être parce que quelque chose s'est démodé de cette formule, que la distribution n'est pas galvanisante, qu'il manque un vrai souffle épique, et que le mélange entre humour, décalage (les inventions fantasques de Kerfadec) et réalité historique sanglante n'opère pas totalement. Peut-être aussi qu'un vrai point de vue sur les événements racontés aurait été bienvenu, car là il est difficile de cerner la portée idéologique du film, s'il y en a une ?
Dernier point : j'ai rarement vu des enfants aussi mal perruqués, on a l'impression qu'une sorte de vieille serpillière délavée a été posée sur la tête des marmots et qu'elle menace de glisser au moindre mouvement brusque.
Ceci dit, cela apporte une touche d'humour (involontaire) en plus, un peu comme si "Les charlots mousquetaires" rencontraient le "Révolution" de Robert Enrico.