Après le tristounet et étriqué « Louisiana » dont il n’avait pas écrit le scénario, de Broca se lance de nouveau dans un film historique sur une histoire originale écrite avec son compère Daniel Boulanger co scénariste également (avec Charles Spaak et de Broca) sur « Cartouche ». D’emblée, les traumatismes de la guerre d’Algérie restent présents chez le réalisateur, un quart de siècle plus tard. Aristocrate aux sympathies royalistes assumées, le cinéaste expose clairement, et sans parti pris, l’horreur que lui inspire les va-t’en-guerre fanatiques de tout bord. Du commissaire de la terreur, symbole de la mort combattant un curé fanatique insurgé qui en appelle à la guerre sainte (!) et au Baron revanchard sanguinaire, devenu assassin patenté. Sans oublier un général alcoolique particulièrement bas de plafond. Dans cette période de la terreur, le film évite toute représentation des grandes figures de l’époque citant une fois le nom du seul Mirabeau. Car le Comte, interprété par Philippe Noiret en grande forme, est la voix du cinéaste. Fantasque et inventif (toujours l’imagination créatrice et sa réalisation concrète), profondément humaniste, il éleva une fille et un garçon avec le fils de son sang comme ses trois propres enfants. Le rire et la vie sont préférables au fanatisme et à la mort qu’il entraîne, devient le message de « Chouans ». Si le casting masculin est épatant, Sophie Marceau, dans un rôle écrit davantage pour la Claudia Cardinale de « Cartouche » ou des militantes engagées de Bolognini (« Liberté, mon amour », 1975), n’a pas l’étoffe de la belle italienne pour le porter. Malgré une mise en scène parfois brillante, un ton grave, respirant par la grâce de quelques pointes d’un humour aussi léger qu’élégant, la superbe musique de Delerue et des costumes travaillés, « Chouans », intéressant, mais un petit peu par le bout de la lorgnette. De plus, le film, souffre d’un rythme inégal, perturbant une intensité qui peine à convaincre, si bien que l’anachronisme de la machine volante est peu crédible, comme les scènes de bataille très fabriquées (pour ne pas dire bricolées, malgré les moyens). Clairement pas un grand de Broca.