José Giovanni est un solide artisan du cinéma de divertissement français des années 70, usant de sa propre expérience personnelle pour proposer des films de gangsters et souvent, de prison. La thématique du crime, de l’honneur chez les gangsters, de la réinsertion, du repentir (ou pas) sont au cœur de ses films les plus célèbres. Comme un boomerang s’inscrit dans cette veine. C’est un bon petit film. Petit film, car le sujet était fort, mais le traitement qu’en propose Giovanni est relativement en surface. De bons acteurs (même Louis Julien, plutôt convaincant et surtout très ressemblant à Delon) parviennent à donner un peu de relief aux personnages, aux situations délicates, aux sentiments complexes qui les agitent, mais ça repose vraiment sur les acteurs (il y a d’ailleurs d’excellents seconds rôles, en particulier Charles Vanel, impeccable), car finalement Giovanni lorgne plus vers le film d’action et ne peut s’empêcher de virer carrément dedans dans la dernière partie. Le passé de Delon, c’est dommage, car il aurait été intéressant de rester avec un père normal qui se retrouve dans une situation pénible. Quand on a la révélation, pour ma part, j’ai été déçu car Giovanni n’arrive pas à s’abstraire du « milieu ». Maintenant, outre son bon casting, le film a une belle bande son qui donne une touche de mélancolie, de beaux décors avec une atmosphère seventies marquées mais qui fait mouche, les images sont plutôt léchées et il y a d’intéressantes séquences nocturnes, le réalisateur connaissant visiblement le monde de la nuit et sachant le filmer.
Côté scénario, Comme un boomerang est, comme je le disais, doté d’un très bon point de départ. Le déroulé, en revanche, est plus approximatif. Globalement la première partie est prenante, on plonge dans les arcanes de la justice et le dilemme qui frappe Delon ainsi que le suspense sur le final fonctionnent pour maintenir l’intérêt. Malheureusement, dans sa deuxième partie, le film commence à trainer un peu en longueur. Conscient du souci, Giovanni nous sort la carte qu’il connait, et pas pour le mieux. On perd le réalisme du début, on a beaucoup de mal à croire au passé de Delon, et en définitive, on commence à comprendre qu’on aura pas ce qu’on nous avait promis, à savoir un suspense étouffant dans un tribunal. A la place, on a de l’action moyennement emballante, et un final en queue de poisson.
Pour ma part, Comme un boomerang est un sympathique film de Giovanni, mais encore un métrage qui montre aussi les limites du réalisateur. Bon artisan, ni sa réalisation et encore moins son scénario ne dépasse le cadre du correct avec pourtant une proposition forte. Dommage. 3