Je poursuis ma rétrospective José Giovanni avec Le Gitan, un de ses films assez connus. Encore une fois, une honnête série B de gangsters, plutôt bien menée mais qui n’est pas non plus un grand film. Pour ma part, le métrage est porté par un casting convaincant et des personnages qui ont un certain relief, des personnalités. Delon, plus effacé ici que de coutume, apparaît tardivement dans le film et campe un personnage un peu différent de ses habitudes. S’il campe un « gitan » un peu cliché côté fringues, il est assez charismatique et son personnage à une réelle complexité. C’est un vrai bandit, mais avec un certain sens de l’honneur. On peut l’apprécier et le détester tout autant. Toutefois, faut avouer que Paul Meurisse, avec sa classe habituelle, son style à l’ancienne, ses répliques marquantes tire souvent la couverture à lui. Autour de ce duo, il y a de solides seconds rôles, avec une mention spéciale pour les deux complices de Delon, Salvatori et Barrier qui ont de vraies gueules et chacun une personnalité assez marquée. Après il y a aussi quelques rôles d’arrière-plan un peu douteux (Rispal qui récite littéralement son texte !).
Côté scénario, on passera sur les coïncidences un peu exagérées, mais le film tient plutôt bien la route. La première partie est un peu complexe, car on ne sait pas trop où va le film et ça patauge pour tout mettre en place. C’est surtout dans cette partie qu’il y a pas mal de coïncidences faciles. Petit à petit, le film arrive à se fluidifier, et je dirai que dès qu’on arrive à Champigny on rentre vraiment dans un bon film, très efficace, rythmé, avec quelques moments forts, jusqu’au final qui a du style (fa. Le tout est assaisonné d’un propos social sur les gitans également. C’est un peu caricatural, mais bon, c’est un captage d’époque et c’est pas plus dérangeant que ça.
Formellement, c’est du Giovanni. C’est plutôt bien fichu, notamment dans l’action, c’est bien filmé, les décors sentent l’authenticité, ils sont variés, la photographie est un peu trop neutre et fade, mais c’est pas non plus calamiteux. Giovanni instille quelques scènes « poétiques », comme de coutume, c’est le côté « John Woo » du réalisateur ! Le plan sur les flamands roses m’a direct fait penser à lui ! Pour la bande son, on a Django Reinhardt aux commandes. Ca met dans l’ambiance gitane, par contre, faut admettre qu’il manque un thème plus « gangster » car le métrage se déroule peu dans le milieu gitan et ça paraît parfois déconnecté de l’ambiance du film.
En conclusion, Le Gitan est un bon petit film divertissant, bien campé, qui plaira sans nul doute aux amateurs du cinéma de Giovanni car on baigne complètement dans ses thématiques, dans son style, et avec ses acteurs habituels. Il y a pas mal de scènes bien pensées, une action solidement menée, si l’on peut regretter une mise en place laborieuse, dès que ça a décollé, c’est du bon ouvrage. 3