Jade passe généralement pour le moins bon Friedkin, ou l’un des moins bons. C’est vrai qu’il présente des lacunes, après c’est un thriller dans la vogue érotique du milieu des années 90, et qui s’en tire pas mal par rapport à certains de ses concurrents.
Au casting David Caruso s’empare du rôle principal et le porte de manière mitigée. Globalement convaincant, on ne peut nier pourtant que de temps à autre il accuse une certaine démotivation, une certaine apathie et qu’il tend à se faire piquer la vedette par des seconds rôles plus piquants, plus incisif, à l’image de ce que fait Chazz Palminteri, et même Michael Biehn. Palminteri est à mon sens la bonne surprise du film, faisant preuve lui d’un vrai entrain, et offrant une bonne prestation ambigüe. Côté féminin Linda Fiorentino se débrouille bien, malgré une interprétation un peu caricaturale de la bourgeoise froide. Dommage qu’Angie Everhart, actrice de charme certes mais qui sait être très photogénique aussi n’apparaisse pas davantage.
Le scénario est bon. L’histoire tient la route, c’est un thriller assez classique signé par un spécialiste du genre, qui s’avère tout à fait divertissant à suivre. C’est un peu poisseux, il y a de l’érotisme, du sang, le métrage garde une tonalité sombre tout du long. Rien d’excessif mais les amateurs du genre seront je pense convaincu. Friedkin mêle aussi un peu d’action, mais il faut avouer que le petit défaut du scénario de Jade, outre qu’il n’est pas non plus bourrelé de surprises, c’est le rythme assez inégal. Il y a quelques longueurs quand même, qui pourront un peu rebuter.
Visuellement le film a des atouts solides. La mise en scène de Friedkin est brillante, avec quelques très bonnes choses. L’excellent plan séquence d’ouverture, l’immersion qu’il essaye de proposer lors des scènes d’action, tout à fait au point, et il se débrouille aussi pas mal avec les scènes érotiques. Franchement il assure, et si le film a des défauts ce n’est pas là qu’il faut les trouver. De même la photographie est travaillée, avec des effets d’éclairages et de lumière soignés, lissés, comme dans tout bon thriller érotique qui se respecte d’ailleurs. Mais on ne tombe pas ici dans le cliché, le film sait ménager ses effets aussi et ne pas en faire trop. Par contre je n’ai pas trop compris certains décors, et en particulier ce sous-sol tout moche récurrent pour les bureaux d’interrogatoire. Certaines fois je me suis cru dans un The Asylum de Syfy, et c’est assez problématique puisque le reste est plutôt de bonne tenue. Alors évidemment le film réserve des scènes olé-olé. En vérité du sang mais sans débordement non plus, et l’érotisme reste soft, même si évidemment il faut quand même s’attendre à un peu plus que de la suggestion. Enfin très bonne bande son, très bon travail du compositeur dont on reconnait d’ailleurs nettement la patte et qui est quand même un compositeur fameux.
Jade est quand même un bon film. Pas tonitruant certes, mais c’est un des bons suiveurs de Basic Instinct, avec un style sulfureux soft qui a peut-être un peu lassé à l’époque, mais qui, du fait de la disparition presque totale de ce sous-genre dans les salles aujourd’hui va peut-être être réhabilité. Pour ma part 3.5.