36ème dessous....
Aïe, aïe aïe, les amis, quelle bouze que ce film !!!
Le thème n'est déjà pas très original pour ne pas dire éculé, mais bon on peut dire que c'est un archétype de la condition humaine. Mais le "traitement" qu'en a fait ici at.....
Personnages antipathiques, veules, lâches ou bornés, ambiance et morne glauque, une caricature des "milieux populaires" comme l'aurait fantasmé, dans des années 70, "la province" qui n'aurait jamais mis les pieds en banlieue parisienne... (pure spéculation de ma part, mais serait-ce là le "profil sociologique de Catherine Breillat ? j'avoue l'ignorer mais cela expliquerait bien des choses...).
Bref ça fait ce qu'est supposé faire le " banlieusard aliéné modèle 70-80" : l'été, ça va camper au bord de la mer, ça sait pas s'habiller, ça s'engueule à qui mieux mieux, et bien sûr, ça bat un peu ses enfants quand c'est énervé.
Alors forcément, n'est ce pas, Lili, 14 ans, personnage principal du film, est insupportable, l'insulte au perpétuellement lèvre, prête à "dégoupiller" pour un rien .
"Ah , ma bonne dame, comment voulez qu’ils élèvent correctement leur enfant dans tout le béton..."
N'empêche qu'au bout de cinq minutes, ado "en révolte" ou pas, on se demande par quel miracle, Lili ne s'est pas encore pris une paire de baffes, voire un gros pain dans la gueule..... Pour "empathiser" avec le protagoniste du film, c'est un peu mal barré...
Je ne raconterai pas la trame de l'histoire : elle est parfaitement anecdotique. On comprend vite que ce n'est pas le propos du film de mener à bien une quelconque intrigue mais plutôt d'offrir "une tranche de vie ordinaire"... soit...(soupir)....
En théorie ce genre de film peut fonctionner si il parvient à une plonger dans son atmosphère, comme le font les bons documentaires... Mais pour y parvenir il faut que le jeu des acteurs nous fasse oublier qu'on regarde un film. Et là, très vite, ça "coince".
La plupart des acteurs sont manifestement des non-professionnels ou des débutants, à commencer par Lili ( Delphine Zentout) l’héroïne de 14 ans. Fatalement certains dialogues sonnent "faux". Ce n'est pas pour rien que les enfants-acteurs vraiment talentueux sont qualifiés de "prodiges".
Delphine Zentout n'en était manifestement pas un. Et j'imagine que Breillat n'avait à l'époque, pas assez de "bouteille" en tant que réalisatrice pour y pallier.
Seul Étienne Chicot, vrai acteur, trouve le ton juste pour jouer le rôle de Maurice, "quadra" revenu de tout , mais malgré tout trop fatigué pour envoyer paître l'ado paumée qui jette son dévolu sur lui.
Hélas, la justesse même de son jeu met fatalement en relief les insuffisances de celui de sa jeune partenaire.... décidément...
LJean-Pierre Leaud fait une apparition , "scénaristiquement" incongrue dans le film. Mais comme son jeu d'acteur a toujours été le comble de l'artificialité, au point d'en devenir unique, il ne fait fait que renforcer l'impression d'artificialité de l'ensemble.
Pire encore, son improbable personnage ne fait qu'ajouter une inutile digression à un film qui n'en avait guère besoin.
Cela fait d'ailleurs tellement "pièce rapportée" qu'on ne peut s’empêcher de penser que le rôle été créé de toutes pièces pour à tout prix "caser" Léaud dans le film....
Malgré cela on trouve quelques moments d'émotion juste dans ce film, assez pour deviner que Catherine Breillat avait des bien des choses à exprimer sur ce moment si particulier de la vie (pourquoi se "donner", à qui, pourquoi) avec le choix intéressant du refus de tout sentimentalisme, en restant "au ras du réel"..
Mais vraiment, la réalisation est en tout point trop "amateur" pour que la "mayonnaise" prenne.
En fin de compte on arrive tout simplement pas à "croire" un instant l'histoire de Maurice et de Lili.
Aucune raison pour que Lili choisisse Maurice qui reste initialement froid et distant (et accessoirement pas un physique d'Adonis).
Encore moins de chance pour que Maurice le "quadra -qui- fait-le-tour de-la question" puisse être le moins du monde attiré par une gamine exaspérante,à la fois acariâtre et capricieuse, et qui n'est pas non plus d'une beauté "ravageuse". Delphine Zentout n'est pas Marie Gillain dans "l'Appat", encore moins Valerie Kaprisky dans "l'année des Méduses".
Dès lors on à l'impression qu'il y a "rencontre" parce que sinon il n'y aurait pas de film, et le film se termine au moment où il se termine parce que, un long métrage de cinéma ça fait en général 90 mn environ.
Bref du début à la fin, ce film est marqué au sceau de l'arbitraire. Du coup les personnages (et leurs motivations profondes) restent largement opaques et d'abord celui de Lili.
Dans l'absolu ce résultat n'est pas nécessairement synonyme d'échec. Certains films marquent durablement les esprit précisément parce qu'il nous laissent dans l'ambiguïté (un exemple récent est "Shutter Island" ).
Ce qui marque l'échec de "36 fillette" en revanche c'est que, dès le film terminé, on ne perd pas un instant à s'interroger sur le persistant mystère du personnage deLili. .Après 90 minutes "en sa compagnie", et même si on comprend bien qu'elle n'est ni méchante, ni idiote, on en a un peu soupé de Lili et de sa "life".
Peut être Catherine Breillat a t'elle pensé qu'elle rendrait son film plus marquant en restant "au ras du sol", sans rien faire pour rendre Lili "audible" et (un peu) attachante.
Hélas, le résultat final aura été, en fin de compte, de rendre le spectateur assez indifférent au parcours de son héroïne.....