Aussitôt prêté, aussitôt rendu. Il y a des fois où il faut savoir faire avec le DVD des autres. Je ne connaissais pas ce film de Jacques Deray, le célèbre réalisateur de "La piscine" (avec Alain Delon et Romy Schneider) et de "Borsalino" (avec Jean-Paul Belmondo et Alain Delon). Une fois de plus, il a voulu signer une œuvre très sérieuse en proposant un nouveau duo composé de Jean Bouise et de Lino Ventura. Tellement sérieuse que ce film n’a aucune saveur. D’une extrême fadeur, l’intrigue est plate, sans grand intérêt, menée sur un rythme soporifique, et repose principalement sur les regards en chien de faïence qui ne font que renforcer la froideur de l’œuvre, puis accessoirement sur la musique inquiétante de Michel Magne, parfois utilisée de façon curieuse. Il y a des moments où ses notes retentissent, alors qu’il n’y a aucun moment de tension, avant de disparaître comme elle était arrivée : brutalement. Autant dire qu’elle n’a par moments pas sa place du tout, ou alors le travail de Michel Magne a été bâclé, souffrant d'un manque de thèmes plus appropriés. L’histoire a été implantée à Vienne, mais là ou ailleurs n’a guère d’importance car la capitale autrichienne n’est mise en valeur à aucun moment. Bon il faut dire que toutes les villes, aussi belles soient-elles, ont elles aussi leur côté moins attrayant, moins touristique. C’est le cas ici, bien qu’on voit ici et là quelques jolis morceaux de bâtiments. Mais revenons-en à l’intrigue : il reste assez flou, et on comprend à peine que Pascal Fabre doit enquêter sur son vieil ami Margery, dit "le boiteux", ou sur la mort d’un collègue, ou les deux. Mais comme dans tout film d’espionnage qui se respecte, le tout se complique et du fait d’un manque de clarté dans le récit, ça devient un flou total. En conséquence, on ne sait plus très bien qui sont les adversaires et les traîtres. A cela on rajoute un jeu d’acteurs plutôt mauvais, dont le point d’orgue intervient lors de l’empoisonnement au cyanure
(qui n’en est pas un, bien que supposé être réaliste pour persuader Fabre)
. Cependant, "Avec la peau des autres" conserve un atout majeur : celui d’être un formidable support pour piquer une bonne petite sieste !