Catwoman est un film de super-héroïne, qui à l’instar d’Elektra se plante effectivement assez joyeusement, et mérite, quoiqu’on en dise, sa réputation pas terrible.
Coté casting d’abord, il y a du bon et du moins bon. Halle Berry ne manque pas d’allure certes dans la peau du personnage principal (en dépit du costume vraiment pas top). Le problème est cependant qu’elle manque de finesse dans l’appréhension de son personnage. Au début elle surjoue la fille ringarde avec d’ailleurs une crédibilité discutable, ensuite elle surjoue la libertine dévergondée ! Alors certes elle a du charme, mais c’est difficile de faire passer la sauce uniquement sur un déhanché bien fameux et une tenue cuir moulante ! A ses cotés Benjamin Bratt est exactement l’inverse. Physiquement il est fade, sans charisme, sans personnalité, le genre de héros ultra-lisse. Cependant il joue mieux, il essaye de donner du relief à son personnage et ca marche. C’est la même chose d’ailleurs pour Alex Borstein qui lors de ses trop rares apparitions s’impose sans problème. Pour le reste, Lambert Wilson joue son numéro avec quelques excès certes, mais cela passe finalement pas trop mal et atténue utilement le sérieux de la chose, tandis que Sharon Stone nous ressert un personnage à la beauté froide. Elle a du charisme elle aussi, un personnage plutôt intéressant au début, mais qui vire trop rapidement au n’importe quoi. Dans l’ensemble, chaque acteur apporte du positif, mais délivre presque autant de négatif en retour.
Le scénario est digne de celui de Daredevil. Il est archi-linéaire, d’une totale superficialité ne cherchant jamais à approfondir la moindre chose, ce qui donne un terrible sentiment de creux. A la fin du film on se demande ce que l’on peut en retirer, et bien pas grand-chose hormis peut-être un propos franchement balourd sur les méchantes multinationales de la cosmétique (regarder Catwoman pour ca c’est un peu léger !). Bien sur il ne faut pas chercher l’univers original, bien remisé au placard, mais même sans cela, Catwoman se vautre dans le produit sans saveur, gonflé au million mais pas au talent scénaristique. La fluidité est par ailleurs loin d’être exemplaire, mais lorsque l’on a rien à raconter c’est souvent une lacune.
Visuellement, avec ses 100 millions et Pitoff, le film devait être pas mal à l’époque. Le problème c’est que, un peu à l’image de Vidocq (mais en bien pire), il a terriblement vieilli (en moins de dix ans !). Les effets spéciaux ne sont plus du tout au niveau, et sont souvent bien laids. Ils sont à des années lumières d’autres productions plus anciennes. Ils ne sont pas aidés il faut le dire par la mise en scène clinquante de Pitoff. Il adore les effets alambiqués, la caméra qui bouge partout, les cadrages curieux, et s’il s’en donne logiquement avec Catwoman qui marche sur tout les toits, le résultat est plus clipesque et prétentieux, que réellement filmique et artistique. La mise en scène renforce totalement l’artificialité du film, son coté clinquant dans lequel tout n’est qu’apparence finalement. Heureusement le réalisateur se rattrape sur des scènes de combats rondement menées, mais trop rares et souvent plombées par d’autres défauts (les dialogues foireux entre Bratt et Berry lors de leur affrontement). La photographie en revanche est propre. Un peu trop d’ailleurs, car l’absence d’aspérités fait bizarre pour un métrage adapté d’un comic, et surtout de celui-ci. Les décors manquent un peu de variété, mais le budget apparait bien, avec quelques passages de très bonnes tenues, notamment les intérieurs de buildings, modernes et soignés. La bande son est par ailleurs honorable, sans être mémorable pour autant.
En fait, l’énorme souci de Catwoman c’est qu’il sent le produit commercial à plein nez. Allez hop, une actrice à la mode, une héroïne qui bénéficiera de la popularité de Batman, un gros budget confié à un spécialiste des effets spéciaux qui va se faire plaisir, et le public suivra. Entre-temps on oublie l’histoire, la direction d’acteur est chancelante, et comme on privilégie la quantité à la qualité, on ne se doute pas que dix ans plus tard Catwoman aura sacrément perdu de son attrait visuel (honnête à l’époque mais sans plus). Au milieu de tout cela, difficile de tirer de la matière pour relever ma note, mais je lui accorde tout de même 1 pour ses quelques qualités. Il est évident que cette note sévère tient compte des 100 millions de la production, somme assez énorme qui aurait du permettre mieux que ce gloubi-boulga numérique dans lequel même les amoureux des chats ne trouveront pas franchement de quoi se réjouir.