Attention ! Le synopsis n’est pas tout à fait exact. Il est vrai que la petite Zoé rêve d’apprendre les rudiments de combat pour tuer des dragons, mais devant le refus non négociable de son oncle, elle s’échappe et tombe par hasard sur les deux énergumènes que nous sommes invités à suivre. Si le début est prometteur en matière de scénario, il désarçonne aussi un peu avec son changement de contexte sans transition, que le spectateur comprendra ultérieurement avec des flashbacks. Ce qui frappe d’entrée, c’est la magnifique esthétique des graphismes donnée par une énorme qualité visuelle, jusque dans la qualité d’animation, d'une fluidité surprenante pour un film d'animation... principalement français. Franchement, de ce côté-là, il n’y a pas grand-chose à redire. Les perspectives sont bluffantes de réalisme, et je peux vous le dire car je me suis surpris à observer avec la plus grande minutie les arches des lanternes au fur et à mesure que nous avançons dans cette sorte de nef d’un château à l’atmosphère lugubre. Mais en début de film, nous avons aussi une scène au rythme endiablé, portant à l’écran des ersatz de tueurs à gages dont les victimes sont exclusivement des dragons. A l’image de ceux qui les ont engagés, nous rirons de bon cœur, mais pas d’un rire parce que c’est marrant ; non, d’un rire parce que ça frise le ridicule bien qu’on puisse reconnaître à cette scène une certaine créativité. De plus, de voir cette scène tourner autour d’une boule en lévitation, on se demande un peu dans quel genre de dessin animé barré on est tombé. Rassurez-vous : "Chasseurs de dragons" en profite aussi pour exploiter l’aspect magique d’un monde imaginaire doublé de légendes. Malheureusement, le tout tombe assez rapidement dans les facilités scénaristiques, dirigeant ainsi ce film d’animation franco-allemand vers un public juvénile. Pour le reste du public, le scénario pas vraiment ambitieux et traité de façon un peu trop linéaire peut provoquer un certain ennui ; ceci explique peut-être le succès timoré avec même pas 600 000 entrées. On aurait aimé un combat final plus épique, plus spectaculaire face à ce dragon qui ne ressemble à rien d’autre qu’un immense T-Rex squelettisé à qui on a rajouté des ailes et des pierres luminescentes dans les orbites. Bon c’est vrai, il est convenu que les dragons ressemblent à des dinosaures, mais je me demande quand même si les créateurs n’ont pas numérisé le tyrannosaure de "Jurassic Park" pour dessiner ce dragon hors normes. Malgré tout, le spectacle annoncé tourne court, laissant le spectateur sur sa faim. Le pire n’est pas là, mais bel et bien sur l’épilogue
: les deux héros, comme à leur habitude, ne se font pas payer et c’est en couards qu’ils reprennent leur petit bonhomme de chemin avant de se faire rattraper par la petite Zoé qui a réussi à détourner une pleine besace de pièces d’or (allez savoir comment... devant un oncle terrible qui a recouvré la vue), laquelle se fait remercier par un clinquant "je t’aime", là où un simple regard de reconnaissance suffisait
. Pathétique tellement c’est hors de propos en regard de la psychologie du personnage qui prononce cette phrase qui, osons le dire, dénature son propos. Désolé (et c’est là que réside mon coup de gueule), mais nous ne sommes pas au pays des bisounours où tout-le-monde-il-est-beau et tout-le-monde-il-est-gentil. Après, il ne faut pas s’étonner que les enfants disent ça à tour de bras au premier venu simplement parce qu’ils n’en connaissent pas le sens.