Surement pas le plus grand Renoir, mais extrêmement touchant pour ma part. Un des très rares films de guerre non patriotique. En effet, à travers ce film, on voit comment l’homme parvient à être homme durant la guerre. Que dis-je ? Un film de guerre? Un film de paix ! Et ce n’est pas facile en 1937, un an avant les accords de Munich, deux avant la seconde guerre mondiale… Mais Renoir l’a fait. Et réussi. Ce film est un des plus pacifiques au monde, aucune germanophobie, chacun des personnages est différent : aristocrate, juif, français moyen, grande gueule,… Pas de manichéisme : les officiers allemands sont tout simplement « très gentils » et se contentent de faire leur devoir : garder les français prisonniers, les empêcher de s’évader. Mais ils ont droit à de la bonne nourriture, une belle chambre, à plusieurs, des jeux,… Bref, légèrement trop optimiste, mais qu’importe. (Le film ne s’appelle-t-il pas La Grande Illusion ?) La deuxième partie, lorsque les deux Français sont hébergés chez la veuve, est débordante de lyrisme, malgré la critique négative de Truffaut : « la psychologie y prime sur la poésie » : l’amour naissant entre la veuve et le Français, malgré la barrière de la langue, la relation filiale entre la petite fille et le Français, malgré la barrière de la guerre,… Un film débordant de beauté, de lyrisme, de joie de vivre, et particulièrement tranquille pour un film de guerre, puisqu’on ne déplore qu’un seul mort !