La première fois, j'étais resté sur le bas-côté. Non pas que ça ne m'avait pas intéressé mais j'avais quand même regardé tout ça avec un oeil un peu lointain. Aujourd'hui, la donne a changé. Il y a bien quelques passages qui m'ont moins captivé mais, dans l'ensemble, j'ai adhéré et même encore mieux : j'ai compris pourquoi le film s'appelle ainsi. "Il faudra bien qu'on la finisse cette putain de guerre et j'espère que ce sera la dernière", "ah, te fais pas d'illusion" et à l'époque, je n'avais rien vu passer... Alors oui, on pourra avoir du mal à croire que des prisonniers de guerre furent aussi bien traités pendant leur détention mais moi, avec un peu de recul, j'y vois une manoeuvre de la part de Renoir pour injecter une dose d'humanisme à un film qui se montre ouvertement pessimiste envers l'avenir du monde en général (en 1937, l'éventualité d'un conflit armé contre l'Allemagne hitlérienne n'avait plus rien d'une éventualité), ainsi qu'envers ses personnages (lesquels cherchant à s'évader tout en sachant très bien qu'ils n'ont aucune chance de revoir leur foyer, si ce n'est les deux pieds devant). Et tiens, puisque l'on parlait d'humanisme un peu plus haut, attardons-nous un moment sur son cas. Au milieu de ce broyage de noir, on le trouve un peu partout. Que ce soit dans les relations entre les prisonniers, se déguisant, riant de bon coeur et chantant à pleins poumons, que ce soit entre les officiers des deux camps, ainsi qu'entre les peuples, tout simplement. J'en veux pour preuve ce passage où
les deux fuyards vont offrir leur plus beau Noël à une femme allemande élevant seule sa petite fille
. Et moi, je trouve ça beau de voir des choses pareilles car oui, ça paraît caduc dans le monde dans lequel nous vivons aujourd'hui, mais figure-vous que j'ai un coeur les amis. Un coeur qui peut être gros comme ça. Enfin, j'en termine avec le casting. Je laisse volontairement Von Stroheim de côté car on ne le voit pas beaucoup mais je ne peux que tirer mon chapeau à Jean Gabin, Pierre Fresnay et Marcel Dalio. Quitte à passer pour un vieux con, excusez-moi mais, parmi toutes nos "vedettes" du moment, je n'en vois aucune qui pourrait avoir la prétention de dire qu'elle chatouille les chevilles de ces trois-là.