Un classique du western parait-il que Le Train sifflera trois fois. Bon, finalement c’est juste un western classique, avec un gros casting qui lui a sans doute bien servi pour entrer dans la légende.
Car en effet le propos du film reste basique. Aborder la lâcheté humaine ne fait pas en soi un film meilleur ou moins bon qu’un film abordant son courage par exemple, donc je ne vois pas trop comment on peut exposer cette argument sur le plan de la qualité du film. Pour ma part le métrage a une idée ambitieuse, celle de se dérouler en temps réel ou presque. Pour le reste, Le Train sifflera trois fois reste un film assez lancinant, où tout le monde petit à petit fini par lâcher le héros, pour des raisons plus ou moins bonnes, jusqu’au final. Ça dure 85 minutes mais le temps est tout de même assez long, car malgré une écriture peu critiquable, le film manque de relief, de profondeur, et la fin est somme toute très classique. On est dans un western purement psychologique, mais finalement pas très nuancé, si l’on part du principe que le seul courageux est le héros, et encore, parce qu’il est un peu obligé. Le film se laisse donc suivre, mais je n’ai rien vu dans son histoire de quoi enthousiasmer outre mesure, et en tout cas rien qui en fasse un chef-d’œuvre du genre. Comme en plus ce n’est pas spécialement divertissant…
Le casting est riche certes, et ne manque pas de noms connus, plus ou moins prestigieux. Néanmoins, soyons franc, le film repose presque unilatéralement sur Gary Cooper, lequel campe un cow-boy fatigué avec charisme et une sobriété toujours appréciable, surtout dans le genre. Autour de lui la plus connue est sans doute Grace Kelly, dans la peau d’un personnage assez quelconque. Si son charme est bien présent, son rôle et sa prestation n’ont pas un intérêt faramineux, autre que celui de la curiosité puisque c’est une actrice rare. Pour le coup Katy Jurado lui vole la vedette avec un rôle plus piquant et une prestation plus ferme. On reconnaitra d’autres têtes connues comme ce bon vieux Lloyd Bridges, Lon Chaney Jr…, dans la peau de personnages pas très écrits. Comme le casting pléthorique, la durée courte du film et l’omniprésence de Cooper à l’écran peuvent le laisser supposer, les rôles secondaires portent bien leur nom ! Dommage d’ailleurs que ce soit aussi le cas pour le méchant, dont on parle beaucoup tout du long pour une apparition fade et pas très bien mise en valeur.
Le réalisateur en effet ne fait pas montre d’un grand talent. Mise en scène très sobre, il semble chercher la voie du réalisme pur et dur, du minimalisme, mais comme en témoigne l’arrivée fadasse des criminels dans la petite ville, ou encore cette scène dans l’église d’une mise en scène bien monotone, ce n’est pas toujours concluant. Reste un cadre convaincant, quelques beaux plans et un noir et blanc pas vilain, mais Le Train sifflera trois fois n’est pas vraiment la réussite formelle que j’attendais. Niveau bande son on notera une chanson pas franchement mémorable, avec des paroles intéressantes mais un vrai manque mélodique (ce n’est ni épique, ni mélancolique, ni triste ni drôle, c’est une sorte de poème sur un thème musical sans relief), et on notera en revanche de la musique, pour le reste, bien plus en phase avec ce qui se passe à l’écran ou les sentiments exprimés.
Honnêtement, Le Train sifflera trois fois est un film qui m’a laissé relativement apathique. Ce n’est pas un mauvais film, on sent des qualités, mais c’est un western psychologique qui n’a pas grand-chose à dire, et est souvent dans la redondance. Un exercice de style louable sans doute, peut-être moderne, encore que c’est discutable, mais pas du tout une pierre angulaire du genre. 2.5