Le chef-d'oeuvre de Fellini. Son film le plus abouti, le plus personnel, le plus révolutionnaire («La Dolce Vita» et «Juliette des Esprits» ne sont pas loin derrière). Magistral de A à Z, du début à la fin, de la première à la dernière image (même s'il faut le temps de rentrer dedans), c'est l'un des plus extraordinaires et des plus réjouissants longs métrages qu'il m'ait été donné de voir. Un véritable plaisir pour les yeux, les sens et l'âme. Fellini s'y raconte de la plus belle des façons, de la plus intelligente aussi, «Huit et Demi» étant la mise en abyme du film qui se construit, du film dans le film, de Federico Fellini, homme et artiste, face à lui-même. La conscience du cinéma, du spectacle et du spectateur, de l'oeuvre d'art et de son façonnage est absolument sidérante, Fellini réussissant à imbriquer les séquences et les thématiques les unes par rapport aux autres dans une sorte de ruban de Möbius sans fin. Les passages se font écho, les rimes visuelles abondent, l'imagination du maestro est débridée, bref on assiste à l'apothéose artistique d'un créateur au sommet de son art, ironie de l'histoire puisqu'il est question de la perte de l'inspiration, de l'angoisse de la page blanche. Ce qui démontre le talent de Fellini à sublimer le réel, à créer l'inimaginable à partir de trois fois rien. Et pour quel résultat! Car en plus de constituer le reflet (déformé) de la personnalité du cinéaste, «Huit et Demi» demeure d'une merveilleuse universalité, dans son approche si sincère et passionnée à la vie, dans cette spontanéité et cette complexité humaine si émouvantes. Et que dire de l'esthétique! L'utilisation du noir et blanc est tout bonnement époustouflante, la maîtrise des teintes, des contrastes ou des nuances est incomparable. Sans parler de la sublime photographie ou de la virtuosité de la mise en scène. Ou encore de l'interprétation, au-dessus de tout éloge... Un des 10 plus grands films de toute l'histoire du cinéma, tout simplement. [4/4] http://artetpoiesis.blogspot.fr/