Dans la société corsetée des années 60, le film de Roger Vadim a pu passer pour anticonformiste, voire audacieux. Aujourd'hui, "Le repos du guerrier" n'est plus qu'une ridicule, pompeuse et maladroite bluette érotico-psychologique à la mode de Vadim. Le sujet-même du film semble complètement dépassé. Sans doute parce que cette histoire d'une jeune fille de bonne famille décoincée par un beau ténébreux est toc, c'est-à-dire affectée et totalement dépourvue de sensibilité, de sincérité, de vérité. Comment, de surcroît, croire une seconde, au regard de leur interprétation figée et sans conviction, que Brigitte Bardot et Robert Hossein sont, pour l'une, une bourgeoise farouche et, pour l'autre, un nihiliste suicidaire (d'ailleurs, pour un type qui vient de
tenter de se suicider
, l'énigmatique Renaud parait de bien bonne humeur...)
L'intrusion fortuite de Geneviève a sauvé Renaud,
et c'est le début d'une passion -juste théorique, parce qu'à l'écran, ça ne se voit pas- chaotique, épisodique et douloureuse.
La nullité philosophique et psychologique, attachée au basques des deux personanges, trouve son point culminant dans une dernière séquence solennelle et grandiloquente, inspirée par on ne sait quelle mythologie. Bardot et Hossein errent dans un film pseudo subversif dans lequel on devine l'influence des libertinages littéraires du 18ème siècle. Insuffisamment dirigé, le couple débite des formules toute faites et se plie à des effets de style d'un esthétisme aussi précieux que ringard.