Naviguant entre la série des Oceans (11, 12, et bientôt 13) et des longs métrages tels que Solaris et Bubble, Steven Soderbergh a acquis, au fil des ans, un statut de réalisateur bicéphale, une face tournée vers le commercial, lautre vers lexpérimental. Tourné en noir et blanc, The Good German se situe nettement dans le seconde catégorie. Le metteur en scène de Sexe, mensonges et vidéo plonge cette fois sa moitié cinématographique, George Clooney, en plein film noir, dans le Berlin de 1946. Le comédien, toujours classe, y endosse le costume de Jake Geismer, journaliste américain venu couvrir la conférence de Postdam, et qui se retrouve confronté à un grand nombre de péripéties, aux côtés de son ex-compagne Lena Brandt. Celle-ci prend les traits de Cate Blanchett qui, après avoir incarné Katharine Hepburn dans Aviator", oscille cette fois entre Marlene Dietrich et Ingrid Bergman, tendance Casablanca. Le film de Michael Curtiz qui constitue la principale référence (avec Le Troisième homme de Carol Reed) de cet exercice de style élégant qui, sans non plus égaler les chefs-duvre précités, se distingue des productions actuelles (rayon policier, sentend) par son classicisme revendiqué et son aspect réferrentiel. Doù un vrai plaisir pour les cinéphiles, qui reconnaîtront, ça et là, quelques clins-dil (la scène finale, sur le tarmac dun aéroport, entre autres), tout en constatant le côté jusquauboutiste du metteur en scène, dans sa volonté de tourner The Good German avec les techniques en vogue dans les années 40 (dialogues en voiture devant un écran, pas de zooms
). Seul regret : ce pur film noir, saupoudré dune touche de néo-réalisme (avec les images darchives de la ville en ruines et de ses habitants), aurait gagné à avoir une histoire moins compliquée et un rythme moins lent. Mais dans limmédiat, ne boudez pas cet ami allemand, avant de retrouver Steven Soderbergh aux commandes du (nouveau) casse du siècle, avec "Ocean's 13" en juin.