"Dark Blue" fait partie de ces bonnes suprises, ces films qui vont bien au-delà de nos espérances de départ. Présenté comme un polar âpre et violent mais ne dépassant guère le cadre du divertissement, il va largement plus haut que ce stade au cours d'une seconde partie excellente. Abordant l'étude de caractères, de nombreux thèmes importants sont évoqués par le biais de Kurt Russel, obsédé par le bien, le sacrifice et la rédemption. Celui-ci porte d'ailleurs admirablement le costume d'un protagoniste complexe, désabusé par sa misérable vie, dérouté par cette enquête le détruisant chaque jour un peu plus. Seul dans sa chambre, il fait les cents pas, angoissé, tourmenté par un profond mal intérieur. La caméra le suit, hésitante, tremblante, au coeur des sentiments. Elle prend peur à s'engouffrer mais y parvient finalement, comme nous, pas toujours éveillés sur le début, puis avec une attention de plus en plus facilement captée par la complexité de cet être quelque part déchu. Attaché à ses proches, il s'en éloigne pourtant inévitablement à chacune de ses investigations. Coupé du monde réel, vivant dans un univers de violence et de corruption, il saura se servir de tous ces éléments pour mieux les contrer à la fin. Non, ce n'est pas "Serpico" et le portrait d'un flic exemplaire. Plutôt celui d'une personne comprenant parfaitement son système, avec un regard lucide quoique parfois ambigü. La mort ne l'effraie pas tant que cela, sa préoccupation étant une sorte d'entrée à un paradis pas forcément réservé aux saints, aussi à un homme honnête avec lui-même et loyal bien que sanguin et capable de péter les plombs à tout moment. Cependant, tout cela ne s'applique que pour la deuxième moitié, l'entrée en matière étant bien plus classique et assez mal réalisée dans l'ensemble. La mise en scène ne trouvera un quelconque intérêt que lors de passages proches du coeur, à l'inverse de scènes se voulant émouvantes. Avis un peu partagé sur certains points mais bon dans l'ensemble.