On ne présente plus "Le jour le plus long" qui porte à l’écran la plus grande opération militaire jamais perpétrée lors de la Seconde Guerre Mondiale : le débarquement des forces alliées en Normandie. Cependant je rajouterai que "Le jour le plus long" a la particularité de bénéficier d’une distribution composée d’une longue liste de noms, parmi lesquels de nombreuses stars de cinéma pour des rôles minimes, bien que d’importance la plupart du temps, et pour un salaire au minima, comme si ils s’étaient rassemblés pour une noble cause, en souvenir des morts et des familles des victimes de la guerre. Un peu à la manière des artistes chanteurs qui se rassemblent pour des opérations de solidarité. Les stars sont si nombreuses qu’il est impossible de ne pas reconnaître une tête connue à un moment donné ou un autre. Cerise sur le gâteau, John Wayne hérite du rôle le plus sympathique, avec un parler qui prête à sourire, et avec la conclusion de ses allocutions adressées à ses hommes aussi curieuse que magnifique par un percutant "C’est tout". Bien sûr, on ne peut qu’être admiratif devant le déploiement logistique pour retranscrire au mieux l’imposante armada déployée pour cette opération hors du commun. L’hommage envers les soldats de la liberté est fort, que les hommes soient rapidement tombés, ou aient survécu aux nombreux pièges allemands. "Le jour le plus long" est encore aujourd’hui un modèle du genre. Pour preuve, les 3 heures peuvent être rebutantes, mais elles passent très rapidement, happant d’abord le spectateur dans le difficile lancement du débarquement, en lui offrant plusieurs points de vue : ceux des Alliés d’une part, et ceux des allemands d’autre part. Ensuite c’est du grand spectacle, avec une pyrotechnie poussée jusque dans ses limites de l’époque, sans oublier la bonne reconstitution qui nous offre la parfaite illusion que l’action se déroule bel et bien en Normandie, sans oublier le lancement simultané des autres opérations annexes mais néanmoins complémentaires visant à assurer le succès de cette opération d’envergure afin d’ouvrir un nouveau front en Europe de l’ouest. Des images d’archives ont été incorporées dans cette immense reconstitution, ce qui offre l’avantage de crédibiliser encore un peu plus le récit. Cependant, on peut regretter la répétition de l’atterrissage d’un planeur, scène qui revient trois fois de suite pour essayer de rendre compte au mieux la difficulté de la manœuvre. C’est réussi, mais avoir trois fois le même plan qui revient, c’est tout de même un peu dommage et surtout dispensable sur un film qui dure trois heures. En revanche, je profite de ces quelques lignes pour adresser un coup de gueule à ceux qui ont eu l’indélicate idée de coloriser ce film à l’occasion du 50ème anniversaire du débarquement. Si "Le jour le plus long" rend un vibrant hommage aux combattants de la liberté, il est regrettable que les vœux de Darryl F. Zanuck (à la fois réalisateur de seconde équipe et producteur) de garder ce film en noir et blanc n’aient pas été respectés. Il a dû s’en retourner dans sa tombe, le pauvre. D’autant plus que malgré le plus grand soin apporté à la colorisation de cette œuvre, ce procédé n’a pas le même rendu que la véritable couleur. Personnellement, je m’en fous, je l’ai en noir et blanc. Pour ceux qui l’ont en version colorisée, il vous suffit de basculer votre téléviseur en mode noir et blanc.