Il est navrant que les modérateurs du site allocine.com n’interdisent pas aux apprentis critiques de raconter l’intrigue des films qu’ils croient commenter. Dans le cas de « En Eaux Troubles », certains familiers du site, montrent non seulement qu’ils n’ont rien perçu des qualités cinématographiques et socio culturelles de ce polar, mais également, qu’ils privent, par pure bêtise, ceux qui ont eu la malchance de les lire, des effets de suspense que Robby Henson a eu la finesse de tricoter. Etrangement sorti sous le titre de « The Badge » en vidéo, alors qu’au cinéma, il était intitulé « Behind The Badge », le film a été traduit en français par « En Eaux Troubles ». Comme c’est souvent le cas, cette traduction française manque de justesse. Certes, elle traduit le concept d’imbroglio qu’est l’enquête. Mais « Derrière l’insigne », une traduction plus adéquate, aurait eu le mérite de mieux véhiculer la métaphore filée de Henson : une société vivant perpétuellement dans l’ambiguïté. A l’image du porteur du badge, le shérif, en personne. Sous des dehors de gros bof en dérive, il est sensible et finalement intègre. A l’image des notables, également. Eux, qui présentent une façade respectable mais à l’intérieur, sont puants. A l’image de la victime, elle-même, qui, de par sa condition transsexuelle, ainsi que l’univers qu’elle représente est une honte pour la majorité bien pensante, mais, qui en fin de compte, porte les vraies valeurs morales. Deux pré-requis pour pouvoir totalement apprécier ce film à sa juste valeur : a) comprendre l’anglais, et donc percevoir l’utilisation des accents, notamment du citadin, et du « paysan » louisianais. b) connaître la réalité sudiste des Usa, où préjugés raciaux, sexuels, et moraux sont encore très enracinés dans la vie courante et politique « provinciale ». Si Billy Bob Thornton et Patricia Arquette donnent ici une performance extraordinaire, la prestation des seconds rôles n’en est pas moins parfaite de vérité.