L’Echine du diable est un film costaud de Guillermo del Toro, mais surement pas son meilleur. Il a des défauts perceptibles.
Le casting lui est très convaincant. D’une part le film a de bons interprètes, mais surtout il s’appuie franchement sur eux, del Toro exploitant vraiment ses acteurs avec des rôles solides. Si les adultes s’avèrent très appréciables, avec quelques grands noms du cinéma espagnol comme Marisa Paredes ou Federico Luppi, ici bien accompagnés par un Eduardo Noriega parfait, ceux qui surprendront sont les enfants. En effet c’est déjà pas toujours évident d’avoir une prestation d’enfant au point au cinéma, mais ici il y en a une flopée, et pourtant le film n’en pâtit pas. Dotés eux aussi de personnages bien construit, les jeunes acteurs et principalement le jeune Lorenzo mène bien la danse. Honnêtement on tient là un très bon casting qui relève plus d’une fois le niveau du film.
Car en effet le scénario n’est pas du même acabit. En soi le film est original, doté d’un arrière-plan historique convaincant, et il dispose de moments forts et de bonnes idées, qui s’expriment notamment dans un excellent final. Cependant del Toro ne semble pas pleinement à l’aise dans le mélange des éléments, et notamment l’introduction du fantastique. Il pourrait presque ne pas être là que le film s’en porterait tout aussi bien, et ce côté facultatif voir inutile, est pour le moins gênant. Ce qui dans le Labyrinthe de Pan est tout à fait adéquat, apparait ici comme maladroitement intégré, et c’est vrai que ça gâche du coup toute la partie avec le fantôme. Par ailleurs il faut aussi souligner un rythme lent dans ce film, impression qui vient surtout d’une partie centrale manquant un peu trop d’enjeux.
Visuellement Del Toro est bon, sans être exceptionnel. Il tend en effet à ne pas exploiter pleinement les décors, et à privilégier un peu la facilité. Le final notamment apparait d’une sobriété pas déplaisante certes, mais qui dépareille par rapport au del Toro que l’on a pu connaitre sur d’autres réalisations. Cependant il y a quelques moments tout à fait réussis (l’explosion par exemple). Les décors sont forcément limités, puisque le film est un huis clos dans l’orphelinat. Toutefois ils sont largement à la hauteur, et, même si del Toro les laissent à mon sens trop de côté pour instiller son ambiance, ils tiennent la route, bien appuyés par une photographie soignée et élégante. Il ne faut pas chercher ici les flamboyances du réalisateur, qui, comme pour sa mise en scène privilégie un côté sobre et sec qui pourra déconcerter. Pour le reste on a un fantôme qui a très bonne allure, et une bande son très efficace.
En clair L’Echine du diable est un film rondement mené par Del Toro, qui apparait cependant comme une de ses réalisations mineures. En effet malgré un sujet sérieux et prometteur, il manque un peu d’audace, de perfectionnisme, et le film accroche par quelques défauts dont certains ne sont pas à mon avis mineur (notamment l’utilisation de l’élément fantastique). J’accorde 3.5.