¡No pasarán!
L’Echine du Diable est le troisième film de del Toro. Il vient après le très moyen Mimic (souvenir d’époque à confirmer) et se montre plus ambitieux tant dans la mise en scène que dans le fond.
Nous sommes quelque part en Espagne, en Castille probablement, pendant la guerre civile. Le jeune Carlos a perdu ses parents et il est placé dans un orphelinat géré par des opposants au franquisme. Dans les sous-sols, un trésor et un fantôme vont entraîner vengeance et convoitise. Le sous-sol, c’est le non-dit, ce qu’on cache, le passé qui ne passe pas vraiment, l’obscurité inquiétante, la boite sombre dans laquelle il vaut mieux ne pas mettre la main. En somme, le sous-sol, c’est la conscience. Et cette conscience espagnole, si tant est qu’elle existe à cet échelon, cette conscience donc est partagée, tiraillée, remise en question. Elle connaît l’ennemi commun à tous mais peine à le définir comme tel. Au casting de ce drame fantastique, il y a donc des résistants catholiques, des communistes d’ici, des communistes d’ailleurs issus des brigades internationales, du petit fasciste, des opportunistes, des gens de foi et des athées, de l’uniforme et des guenilles. Et au milieu de tout ça, des gosses hantés par la mort de l’un d’entre eux. A la mise en scène, tout est subtilité et on alterne constamment entre la dimension tragique des évènements à l’image réaliste et leur caractère fantastique au ton plus évanescent. La menace sourde de la guerre pèse sur l’institution jusqu’à la déflagration finale, magnifique séquence de western. A l’interprétation, c’est un sans faute et on remarquera en particulier la prestation parfaite de Federico Luppi. La seule pointe de regret concernera peut-être les rendus des CGI, pas toujours convaincants et finalement assez datés. Pour le reste, c’est un grand drame historique que l’on tient là, témoin d’une histoire personnelle et collective toujours problématique en Espagne et reflet d’une mémoire complexe à définir.