Derniers Avis sur Roja

Je dois avouer que j'ai été un peu déçue. J'ai absolument adoré tous les films de Mani Ratnam que j'ai vus jusqu'à présent, mais celui-ci ne m'a pas plus plu que ça... Ce n'est pas le sujet ; j'avais beaucoup aimé Dil Se qui lui aussi parle des problèmes au Cachemire et du terrorisme, c'est son traitement... Les personnages manquent un peu de subtilité, Roja est touchante dans son rôle de jeune mariée qui cherche à faire libérer son mari, mais ses discours n'ont rien d'extraordinaire (même si certaines répliques aux militaires sont très bonnes et justes !) et son jeu ne m'a pas bouleversée, Rishi est un peu trop patriote et les terroristes sont bizarrement très humains face à des militaires tous inhumains, violents et peu intelligents. En fait les personnages sont tous trop caricaturaux... C'est intéressant (et courageux en 1992) de montrer que les terroristes qui se battent pour l'indépendance de leur région ne sont pas tous des bêtes sauvages sans conscience ni raison et que les militaires ne sont pas tous de vertueux et dignes représentants de leur nation, mais ça aurait pu être mieux présenté, surtout connaissant les autres oeuvres de Mani Ratnam. Mais ça aurait peut-être moins touché les foules. Roja reste un bon film avec de très belles images (aussi bien les couleurs que les paysages) et de bonnes idées, mais j'attendais beaucoup mieux ! Sur un sujet proche et du même réalisateur, je conseille donc Dil Se.

Mani ratnam tourne avec roja son premier succés national. Le film en a tous les défaults. esthétiquement comme toujours, depuis Mouna Ragam et Dalapathi (son meilleur reste Anjali), le maitre s'affirme comme un des dix grands cinéastes mondiaux, et soigne donc sa photographie et ses compositions. La maîtrise es trés grande. Formellement Roja est unique (on le rapprocherait du narcisse noir de Powell sans hésité). Le scènario s'enlisse dans un patriotisme inquiétant, le héros semblent encore plus fanatique que ses geoliers, pourtant la première partie étant excellente (une somme dans la carrière de sir mani), on est d'autant surpris du peu de tensions de la deuxième. Enfin il faut un effort pour remetrre le film dans son context et admettre le courage du cinéaste; humaniser les terroristes, mettre en avant un personnage de femme, montrer la brutalité de l'armée indienne et affirmer sa haine du fanatisme religieux. Ratnam charge son film, mais finalement on en sort heureux, peutêtre pas autant que pour Dil Se ou Iruvar (portrait d'un demi dieu), tragèdies illuminées.