Bon, soyons honnête, La Maison Russie est un film scénaristiquement problématique. Il a des qualités, c’est un fait. Sean Connery s’amuse visiblement beaucoup dans son rôle taillé sur mesure pour lui. Michelle Pfeiffer est une femme charmante, une actrice toujours sympathique, et elle tient bien son rôle, et les seconds rôles sont typés, avec une belle galerie d’acteurs, notamment un Roy Scheider qui s’amuse autant que Connery dans ses quelques apparitions roublardes. L’interprétation est bonne, et les acteurs se débattent dans des décors d’une belle authenticité. On visite Moscou en long en large et en travers, de façon un peu touristique sans doute, mais c’est vraiment changeant de d’habitude, on ressent un exotisme prégnant, et c’est luxueux et élégant. Le réalisateur a bien su saisir l’ambiance du temps, dans des couleurs grises, dans des extérieurs grandioses, bien que dans un esthétisme un peu froid. On est ici dans un film d’espionnage mathématique, géométrique, et cela se ressent aussi visuellement.
Car oui, La Maison Russie n’est pas un James Bond en dépit de la présence de Connery, c’est une adaptation de John Le Carré, et il porte bien son nom ! Ce métrage se veut authentique, réaliste, et c’est finalement tellement authentique et réaliste que ça n’en est guère passionnant. Sur un scénario très lent, souvent embrouillé, le métrage aligne les dialogues, largement matiné par une romance pas super crédible entre la superbe et jeune Pfeiffer et le vieillissant Sean Connery. Pas d’action, peu d’espionnage, pas mal de digressions, La Maison Russie est un film académique assez glacial. Parfois c’est positif, mais là l’intrigue est vraiment peu emballante, et le film longuet pour ce qu’il raconte.
En fait c’est simple, si vous aimez les intrigues réalistes, anti-spectaculaires et tortueuses, peut-être ce film vous conviendra, encore que la romance pourra vous insupporter, mais si vous voulez un peu de mouvements dans des décors superbes, si vous aimez qu’à une touche de bleu succède une touche de rouge, alors non, ça ne vous ira pas. Notons d’ailleurs que le film a quand même pas mal vieilli en plus. 2.