Bill McKay est un avocat idéaliste californien, défenseur des pauvres et des opprimés. Il est repéré et endossé par le parti démocrate, pour tenir tête au ténor républicain lors de l’élection sénatoriale, avec la promesse qu’il pourra tenir le discours qu’il souhaite. Mais évidemment, tout ne se déroulera pas comme il l’avait imaginé… Les films politiques américains sont aujourd’hui légion, et en particulier les films sur des campagnes électorales. Aussi, « The Candidate » a quelques peu perdu de son originalité initiale. Mais ceci est allègrement compensé par le fait que son sujet et son écriture sont incroyablement modernes. Sérieux mais avec une pointe de cynisme, le film tacle allègrement les campagnes politiques. Il montre comment un candidat, pétri de convictions et intègre, peut être transformé en produit générique sans relief, aplatissant ses idées au grés des sondages. Conseillers politiques, conseillers en communication, partenaires divers : tout contribuera à dénaturer le candidat ! Une vision caustique qui trouve parfaitement un écho de nos jours, d’autant plus que les problèmes de 1972 (écologie, chômage, insécurité) sont toujours là. La justesse et la finesse du propos s’expliquent par le fait que le scénario est signé Jérémy Larner, qui s’est lui-même impliqué dans des campagnes électorales et a pu en voir les rouages. Ce qui est en revanche dommage est que le scénario soit porté par une mise en scène moyenne. Michael Ritchie a visiblement opté pour une approche documentaire avec beaucoup de plans serrés, et un montage qui bascule entre des séquences de discours, et des conversations de bureaux. Mais cela manque d’intensité, d’autant plus que certaines sous-intrigues sont à peine effleurées (la relation du protagoniste avec sa femme par exemple). On bénéficie heureusement de la présence de Robert Redford, impeccable en idéaliste peu à peu écrasé par un système qu’il pensait connaître, jusqu’à un final d’un cynisme piquant.