Avis sur Clara et les méchants

Excellent film, totalement inconnu visiblement, malgré son casting, que ce Clara et les méchants. Un film vraiment superbe, probablement un des meilleurs des années 50 !
Déjà le film séduit par l’excellence de l’interprétation. Rien à dire, c’est du très très lourd, avec d’abord, Minou Drouet. C’est presque hallucinant qu’elle n’ait pas poursuivi une carrière d’actrice car elle est juste stupéfiante dans son rôle, alors qu’elle n’a que dix ans me semble-t-il. Hallucinante dans un rôle pourtant pas forcément simple, juste, subtile, pleine d’entrain, elle est mémorable pour qui l’aura vu dans ce film. Face à elle une bonne galerie d’acteurs, avec principalement deux noms très connus : Michel Serrault et Jean Poiret. Ils forment avec Destailles et Morel un quatuor de premier choix pour ces brigands gentils, bien encombrés de leur coup génial. Cette perfection touche aussi les seconds rôles, tous plus truculents et drôles les uns que les autres.
Le scénario part d’une idée simple mais le résultat fonctionne à merveille. L’humour est très présent et est toujours une grande réussite, porté par des dialogues particulièrement affutés. Il y a de l’émotion, et un message sage et touchant plus généralement sur la vie. Le tout servi par un rythme décapant, des situations cocasses, et une impression de modernité étonnante qui plane sur ce film. Il aurait été en couleurs qu’on pourrait quasiment le croire tourner hier, tant il n’a pas vieilli d’un iota.
Formellement on appréciera un brillant travail de Raoul André. Ce dernier ne se contente pas de jouer la carte de la simplicité technique, il propose des choses originales (le défilé des profs, le manège…) avec de vraies tentatives d’échapper au tout venant. Si les décors sont peut-être un poil limités, en revanche la photographie propose un noir et blanc plutôt joli, et une bande son radieuse et enthousiasmante.
Franchement Clara et les méchants est au début un film que j’ai regardé pour approfondir un peu mes connaissances sur le cinéma français des années 50. Et ben je suis tombé sur un des films les plus attractifs que j’ai pu voir de cette époque, et je ne regrette vraiment pas mon choix. Je donne un 5 absolument mérité.

Une gosse de riches est élevée très aristocratiquement, c'est-à-dire privée de la liberté et des plaisirs qui sont ceux des fillettes de son âge. Ce préambule assez démonstratif prend fin quand la petite est kidnappée par quatre malfrats (dont Poiret et Serrault, plutôt sobres) pas trop malins.
On la voit arriver à gros sabots l'idée de la comédie de Raoul André, où la gamine va enfin s'amuser au contact de ses ravisseurs. Raoul André, grand réalisateur de nanars, s'en détourne ici, dans un film qui, sans atteindre des sommets, nous épargne les courantes stupidités et figures crétines du cinéaste. Le scénario n'est pas très imaginatif et s'adosse un peu trop facilement au numéro gracieux de la petite Minou Drouet, bonne bouille (trop) souriante dont l'interprétation a des petits accents de composition de chien savant vouée à nous attendrir. La ficelle est un peu grosse.
Le film distille un humour bon enfant (d'assez mauvais goût -et d'ailleurs pas très cohérent avec la nature des malfrats- dans la petite partie de la comédie où il est question spoiler: d'éliminer la fillette)
; les spectateurs les plus indulgents pourront s'amuser de voir, comme attendu, comment la fillette régente ses kidnappeurs amateurs.