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Estonius
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0,5
Publiée le 17 octobre 2016
Diamant Berger ne sait pas diriger ses acteurs. Quand, au début du film on voit Philippe Clay jouer de la trompette on sait déjà que le film sera mauvais. Il n'y a aucune finesse, c'est lourd, ça n'avance pas, ça n'a aucun intérêt. Et si Micheline Dax arrive à nous sortir de notre torpeur, le cabotinage de Jean Richard, mauvais comme ça ne devrait pas être permis, nous y replonge bien profond. Une horreur.
"Ces messieurs les ronds-de-cuir", le titre du roman de Georges Courteline a été pendant longtemps le qualificatif favori des pourfendeurs de la fonction publique. Si sa charge féroce visait juste, dénonçant le petit monde sclérosé de l'administration, elle ne brillait pas par sa finesse. Adapté une première fois par Yves Mirande en 1937 avec Pierre Larquey, Saturnin Fabre, Arletty, Gabriel Signoret et Lucien Baroux à la manœuvre, le célèbre roman tombe dans les mains d'Henri Diamant-Berger qui en 1959 réalise le dernier long métrage d'une carrière dont aucun film n'est essentiel hormis peut-être le très honorable "Miquette et sa mère" (1933). Ecrivant souvent lui-même ses scénarii, il adapte le roman. Mal lui en a pris, Diamant-Bergé n'ayant visiblement pas compris que les descriptions grotesques du livre ne sont pas transposables de facto à l'écran sous peine de rendre ridicules les acteurs qui auront en charge les personnages. Malheureusement, le réalisateur est tombé à pieds joints dans le piège, livrant un film difficilement supportable malgré son louable mais vain effort de vouloir introduire son propos liminaire à la manière du grand Sacha Guitry. C'est la catastrophe totale, Diamant-Berger en plein naufrage parvient même à rendre ridicule Pierre Brasseur dont le cabotinage qui fait habituellement tout son talent est ici insupportable. Les autres acteurs ne sont pas mieux lotis en particulier Philippe Clay lui aussi en complète roue libre. Seul Noël-Noël arrive à sauver les meubles. Vingt ans plus tard, Daniel Ceccaldi redonnera toute leur substance aux fameux "ronds-de-cuir" en livrant pour l'ORTF une adaptation tout en finesse où Raymond Pellegrin suave au possible fait merveille. L'honneur est sauf !
Les ronds-de-cuir, fonctionnaires de jadis, sont les sujets d'une satire pas très subtile. J'ai lu Courteline il y a trop longtemps pour pouvoir juger si la comédie de Henri-Diamant-Berger respecte l'esprit et la lettre du "tableau-roman de la vie de bureau" de l'auteur. Toujours est-il que les personnages du film sont assez grossiers, et joués comme tels. Au ministère des Dons et Legs, dans les couloirs duquel un conservateur de musée provincial joué par Michel Serrault cherche son chemin de porte en porte, c'est à qui sera le moins efficace au travail. Le film est une collection de portraits trop peu significative de la vie de bureau pour être pertinente. Aucun employé n'échappe à la caricature -si ce n'est le chef de bureau composé par Noël-Noël, excédé par tant d'impéritie. Entre le directeur coureur de jupon, le fonctionnaire toujours absent, celui qui prend ses bains de pieds dans son bureau ou le fou qui joue du clairon dans les couloirs, les ronds-de-cuir participent d'un ensemble assez foutraque dont on ne retient que l'illustration, la reconstitution pittoresque d'une administration poussiéreuse du début du siècle. Pas un nanar, mais pas très futé quand même.