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Caine78
6 716 abonnés
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3,0
Publiée le 4 mai 2019
Le nom de Jacques Deray m'a toujours intrigué, malgré quelques « bébeleries » sans grand intérêt. Celui-ci a construit une filmographie intéressante, très centré sur le polar mais pas que, à l'image des honorables adaptations de Stefan Zweig qu'il tourna pour la télévision en fin de carrière. Il n'en est qu'à ses débuts lorsqu'il tourne « Symphonie pour un massacre » (joli titre mais n'ayant pas grand sens), polar de trame fort classique mais se démarquant très habilement par sa réalisation comme son scénario. Très précis, ne laissant rien au hasard, le second fait preuve d'intelligence dans sa narration, prenant le parti pris étonnant et plus qu'efficace de raconter l'histoire du point de vue du traître, joué par un Jean Rochefort à des années-lumières de ses futurs rôles, n'en gardant pas moins cette malice, ce charme irrésistible : on aurait presque envie qu'il réussisse... spoiler: À ce titre, voir qu'il élimine ses deux premiers associés presque malgré lui est très séduisant, le « plaisir de tuer » semblant lui venir à partir de là. Les autres personnages sont moins intéressants mais restent d'assez bonne facture (féminins exceptés, la belle Michèle Mercier en étant presque réduite à jouer les utilités), à commencer par le grand Charles Vanel, impérial. J'aurais peut-être aimé un peu plus de clarté dans certains aspects (notamment le détour de Jabeke par Lyon ou les faux billets), mais c'est vraiment pour trouver légèrement à redire, l'impeccable sobriété des dialogues, la solide narration ou l'efficacité d'une musique omniprésente mais réussie faisant le reste : demeurée très longtemps invisible avant sa ressortie en DVD/Blu-Ray (merci Pathé), voilà une série noire ne manquant ni de personnalité, ni de talent : à (re)découvrir.
Belle distribution, belle photographie de Claude Renoir, bonne direction d'acteur, mais petit polar assez original dans son traitement et dans son fond, mais pas toujours bien clair, si vous avez compris comment Rochefort trouve et ouvre spoiler: le compartiment de Giovanni ou aussi comment Dauphin parvient à confondre Rochefort rien qu'en regardant un journal , faites-moi signe ! De plus la façon de filmer est ici agaçante, on met trois heures pour ouvrir une porte, on la referme on accompagne les protagonistes dans les escaliers jusqu'à la dernière marche, on ignore complètement ce qu'est une ellipse de comportement, évidemment c'est très astucieux, ça permet d'atteindre le métrage imposé par la prod ! Et le chœur antique d'ânonner, que c'est beau on dirait du Melville ! Comme si on avait besoin d'argument d'autorité pour justifier l'injustifiable ? Ajoutons que le scénariste n'a pas bien su finir le film, qui n'est pas mauvais pour autant mais des polars comme ça, il y en a eu des tonnes alors arrêtons de crier au chef d'œuvre redécouvert !
Jacques Deray montre ici toute la maîtrise de son art, avec ce film nerveux, sans temps mort, dont le suspense est habilement mené. Suspense d'ailleurs très psychologique : les meilleures scènes sont les face à face entre les personnages qui se méfient les uns des autres, les séquences d'action sont brèves et sans fioriture. C'est un bonheur de revoir cette brochette de très grands comédiens, dont Jean Rochefort, parfait dans un rôle de cynique glacé très différent de la plupart de ceux qui l'interprètera tout au long de sa carrière. Michèle Mercier fait de la figuration, selon l'usage de nombre de polars de l'époque qui réduisaient les femmes au rôle de potiches. La bande son est très datée, bien que pas désagréable, mais elle ne casse pas l'ambiance. L'image enfin est superbe. Un film noir qui mérite franchement une seconde sortie.
Je ne connaissais pas ce film plutôt méconnu, et pourtant j’en ai vus quelques-un, en particulier de cette période française que j’affectionne particulièrement. On peut le qualifier de mineur, mais pas sans intérêt, déjà pour la qualité du casting, avec des acteurs dits de seconds-rôles. Sa qualité première est à mon sens son côté épuré, allant à l’essentiel, même si parfois, certaines scènes extérieures tirent un peu en longueur. Le scénario est intéressant à défaut d’être imprévisible, et les acteurs justes. Toujours l’actrice surprise assez méconnue, coproduction italienne oblige et assez courante à cette époque. Marrant de voir Rochefort en méchant froid et cynique ! Et toujours cet intérêt de visiter des quartiers qui ont bien changé et replonger dans un mode de vie finalement reposant.... une curiosité à voir.
Jacques Deray accompagné pour l'occasion de José Giovanni et de Claude Sautet filme la trahison au sein d'une bande de gangsters et néanmoins amis. Jean Rochefort domine le casting pourtant fort élevé du fait de tenir le rôle du méchant, qui lui va comme un gant d’ailleurs. C'est la grosse surprise du film et un de ses intérêts avec aussi le fait que le code de l'honneur n'existe pas, ça fait du bien de voir ça, à l'inverse des grosses cavaleries de ces années-là où on nous rabâchait de l'honneur à tout va.... Sinon l'histoire est assez aride, c'est sec comme un jour sans alcool et les dialogues vont à l'essentiel, pas de fioritures autour des personnages et du scénario.... dommage que la belle Michelle Mercier soit sous exploitée.... la fin est prévisible comme toujours à l'époque.
Comme quelques autres cinéastes qui ont traversé les années 1960 et 1970 tels Edouard Molinaro, Pierre Granier-Deferre ou Alain Jessua, Jacques Deray ne jouit pas d'une réputation à la hauteur de son talent. Se souvenir uniquement de sa fin de carrière un peu poussive qui accompagna Alain Delon et Jean-Paul Belmondo dans l'exploitation de la caricature du personnage de dur que chacun s'était construit une fois installé au firmament du cinéma français, c'est oublier "La Piscine" (1968), "Un peu de soleil dans l'eau froide" (1971), "Flic Story" (1976), Un papillon sur l'épaule" (1978), "Trois hommes à abattre" (1980) ou encore "On ne meurt que deux fois" (1985). "Symphonie pour un massacre" passé à la trappe de sa filmographie est le troisième film de Jacques Deray qu'il coécrit avec José Giovanni et Claude Sautet qui était alors le script doctor le plus recherché du cinéma français. Dans un style emprunté à Jean-Pierre Melville qui venait tout juste de livrer le "Le doulos" (1962), Jacques Deray s'empare avec une caméra assurée de cette histoire assez classique de trahison au sein du milieu. Le code d'honneur cher au Jacques Becker de "Touchez pas au grisbi" (1954) est mis de côté pour laisser la place à un cynisme froid qui habite ces gangsters mus essentiellement par l'appât du gain. Pas de place ici pour les habituels états d'âmes échangés entre voyous autour d'un verre où chacun fait le point sur son passé au violon, les coups manqués et le temps qui passe. Les cinq associés qui occupent l'écran sont des hommes d'affaires installés confortablement à la tête de business légaux leur assurant une respectabilité qu'ils n'ont surtout pas l'intention de ternir. Les coups sont donc parfaitement millimétrés et les risques savamment pesés. Mais le monde des truands ne sera jamais complètement celui des affaires même si les deux sont de plus en plus imbriqués. Il y aura donc toujours un petit malin pour penser qu'il peut rouler les autres. spoiler: Ce petit malin c'est Jean Rochefort que Jacques Deray a eu l'excellente idée de sortir de ses rôles comiques d'appoint qui l'occupent depuis qu'il a été "La Taupe", le lieutenant de Cartouche joué par son copain Jean-Paul Belmondo chez Philippe de Broca en 1961. Par delà son allure gauche stylée, Rochefort peut en effet inspirer la crainte quand il apure son jeu de toutes ses facéties. Deray qui a été le premier a détecter cette facette de l'acteur ira même jusqu'à nous présenter en avant première le visage de la maturité du Rochefort moustachu au moment de son apogée lorsque son personnage se grime pour commettre ses méfaits. A ses côtés Charles Vanel, Claude Dauphin et Michel Auclair sont au diapason de la sobriété exigée par la caméra de Deray qui quoique très fluide ne s'attarde pas exagérément sur les acteurs qui doivent donc donner le meilleur en recourant à la précision plutôt qu'aux effets de style. La mécanique du scénario parfaitement huilée donne à plein même si l'on décèle assez rapidement ce vers quoi Deray nous emmène. Un exercice de style qui nous indique clairement que Jacques Deray était tout à fait à son aise dans le genre policier qui sera une spécialité française jusqu'au mitan des années 1980.
Jacques Deray est mis à l’honneur avec la restauration de « Symphonie pour un massacre », son troisième long métrage. Un grand classique du genre qui ne déroge pas aux règles d’un système parfaitement huilé. Simplement, la patte du cinéaste en matière de suspense et de rebondissements est tout à fait particulière. Elle excelle dans cette symphonie tueuse où l’ami Giovanni fait encore merveille dans l’écriture d’un milieu qu’il connaît parfaitement. Avec en tête de distribution Jean Rochefort dont le contre-emploi le rend encore plus grand. Sourcil ténébreux, l’œil malin, Jabeke, rigide comme la justice ne prête guère le flan à la critique. D’ailleurs la confiance est réciproque dans cette bande de partenaires en quête d’un nouveau coup pour doubler leur mise de départ. Simplement Jabeke a sa petite idée pour enrayer la machine. La mise en scène du réalisateur est aussi efficace que celle de son héros dans l’élaboration de l’arnaque. AVIS BONUS Des spécialistes évoquent l'histoire de ce film pas comme les autres... Pour en savoir plus :lheuredelasortie.com