Par rapport aux grosses productions frelatées qui encombrent les écrans d’aujourd’hui, les comédies de Jean Yanne des années 70 et 80 ont un parfum de fraîcheur. Bien sûr, ce sont des navets, mais des navets sains, sans prétention. Ce sont surtout des monuments à la gloire d’une cause aujourd’hui bien délaissée : la franchouillardise, totalement assumée et ici présentée carrément comme l’avenir de l’humanité face à l’invasion des idéologies totalitaires. Ben voyons ! Il y a un côté réjouissant à voir la fine fleur du cinéma français se mettre en roue libre et partir avec allégresse dans le n’importe quoi. Le pastiche de l’imagerie maoïste arrache un sourire mais est globalement raté, les allusions à l’occupation allemande de 1940 auraient pu être bien plus percutantes, le scénar est à pleurer, les dialogues ringards... La débâcle. Et pourtant, quelle débauche de moyens ! Les grands boulevards, les galeries Lafayette, l’esplanade du Trocadéro, l’Opéra… tout le centre de Paris a dû être bloqué pendant des jours. Se planter avec panache dans les grandes largeurs, au fond, n’est-ce pas ça, l’esprit français ? Et au milieu de tant de joviale nullité, un ovni, une séquence vraiment réussie, drôle, spirituelle: la parodie de « Carmen » en ballet prolétarien maoïste, dansée, excusez du peu, par la troupe de l’Opéra de Paris. C’est le trou normand au milieu d’un repas qui, avouons-le, serait sinon un peu lourd.