Sortie dans la plus grande discrétion en 2001, "Pandaemonium" s'inscrit dans la lignée, plutôt rare, des films ambitionnant d'interroger les mystères de la création artistique ou littéraire, à travers le parcours d'artistes ayant marqué leur époque. C'est souvent l'occasion aussi de reconstituer l'époque, de faire "oeuvre historique". Mais voilà, ce genre de film s'avère frustrant pour l'amateur d'art car l'essentiel de ce qui constitue un artiste -l'acte de création proprement dit- n'est presque jamais montré, que ce soit les pauvres "Amants du siècle" de Diane Kurys, le beau mais stérile "Rembrandt", le léger mais agréable "La jeune fille à la perle" et le fantaisiste "The hours". Heureusement,"Pandaemonium" appartient à la catégorie des rares réussites du genre : "Amadeus", "Edvard Munch", le "Pollock" de Ed harris car Julien temple a le courage d'affronter le vertige de l'acte créatif en choisissant de comparer les deux plus grands poètes pré-romantiques anglais, Wordsworth et Coleridge, en s'aventurant même quelque part entre Dali pour la puissance visionnaire et Ken Russel pour le lyrisme moderne fougueux. Ce film est idéal pour tous ceux qui se sentent concernés par la création artistique, et pour tous les romantiques purs, pas le romantisme mièvre, non celui du lyrisme le plus sauvage, qui consume l'âme comme un feu de paille, et laisse l'artiste exangue, perdu dans l'oubli de l'opium, cette drogue qui éveille les portes de l'inconscient mais dont on ne revient pas. Puissant.