Dean Koontz, grand maître de l'épouvante, bien que trop souvent oublié et trop peu mis en avant sur la scène littéraire, à l'instar de Stephen King, écrivit un jour Phantoms, un livre prenant, comme à l'accoutumé chez ce grand auteur, qui alliait suspense, démesure lovecraftienne et horreur tout en subtilité. Sans être un grand cru, il en demeurait d'une verve plaisante, intriguante. Le final, progressivement agencé dès la moitié du roman, me laissa néanmoins circonspect, puisque prenant une voie que je trouvai quelque peu grand-guinolesque ; néanmoins, elle n'en demeurait pas moins originale, et finalement acceptable.
Le même Dean Koontz a donc écrit le scénario de l'adaptation cinématographique. Bien qu'en en gommant des pans entiers (événements, personnages), il est parvenu à y laisser une certaine force qui ne lasse pas. Les acteurs, assez réduits, assurent plus ou moins bien leurs rôles, lorsqu'ils n'en font pas des tonnes pour jouer les héros (Ben Affleck) ou les abruties hurlantes (Rose McGowan...). La mise en scène, elle, conserve une certaine beauté dans l'épaississement du mystère, des plans de rues vides ou d'apparitions fugitives de la créature. Bien qu'elle joue sur certains cliché du film d'épouvante basique, elle parvient, avec de nombreux autres atouts (une bonne musique par exemple) à donner à ce Phantoms un intérêt indéniable et à lui conférer une certaine valeur. D'autant que les effets spéciaux, certes peu nombreux, n'ont néanmoins pas pris un trop gros coup de vieux.
Un bon film en perspective, donc, qui se laisse plaisamment regarder ; néanmoins, je l'ai regardé en ayant déjà lu le livre, et ne peux donc en avoir un regard objectif. Selon moi, le début est trop rapide, les premiers faits trop succints et les rebondissements trop hâtivement intercalés, ce pendant le premier quart d'heure.
Sans non plus le conseiller à tout prix, c'est un film plaisant que tout amoureux du fantastique, de l'intriguant, regarderaient avec plaisir.