Les époux Bidochon ont sans doute leur originalité, mais dans cette adaptation cinématographique de la BD de Binet, ils n'ont visiblement pas de raison d'être. Couple de beaufs sympathiques et populaires, Robert et Raymonde Bidochon partage un HLM très kitsch et une vie sexuelle médiocre. Naïfs et dociles, ils sont les victimes faciles d'une société curieusement arriérée et fonctionnarisée,
ainsi que le montrent leurs rapports avec les administrations de la Sécu, de la police ou de la justice.
Mais, caricaturaux au premier degré, l'ensemble des personnages et l'existence des Bidochon sont insignifiants. On imagine bien la satire que Scola ("Affreux, sales et méchants") aurait imaginer. Korber n'est pas Scola, et l'indigence de sa mise en scène et de sa direction d'acteurs, hormis quelques moments amusants dont Korber n'est pas responsable, frôle la fumisterie.
La comédie est sans rythme, montée n'importe comment, sans aucune rigueur narrative. Prompt à s'amuser de la trivialité des Bidochon, de la vulgarité de fonctionnaires agressifs ou de celle des émissions stupides de la télévision, Korber touche, lui, au néant de la mise en scène. C'est surtout regrettable pour Jean-François Stévenin car, autant Anémone semble hors du coup, autant le comédien crée un personnage savoureux, convaincant, en dépit qu'il soit si mal dirigé.