Pour le style, on retrouve quelques tics agaçants comme cette image avec un gros grain (marque de fabrique du cinéma indé type Sundance (où «Lady Bird» n'a pas concouru, glanant tout de même plus de 100 récompenses dans divers festivals ou cérémonies, la plus importante étant le Golden Globe du meilleur film, catégorie comédie ou comédie musicale), une mise en scène un peu trop illustrative, avec une plus grande attention portée aux acteurs et aux dialogues plutôt qu'au langage de l'image. Reste que Gerwig signe un film dense, avec une vraie maîtrise de l'ellipse (sa façon de rendre l'écoulement du temps est très efficace et limpide), quelques enchaînements de plans sont vraiment bien vus, que sa courte durée ne l'empêche pas de développer ses personnages, choisissant avec soin ses moments. Il faut dire qu'elle est partie d'un scénario de 350 pages (soit presque 6 heures de film normalement) pour arriver à un résultat plus dépouillé, qui évite la redite. Son autre point fort, c'est de parvenir à capter ce petit truc de l'adolescence, pas tellement les comportements, le langage ou bien l'état d'esprit mais plutôt le fait de vivre des trucs géniaux mais de ne pas savoir s'y attarder. Ainsi, les quelques moments joyeux paraissent presque trop courts, trop fugaces, là où les moments plus graves deviennent envahissants. C'est là où j'ai été le plus bluffé, là, et bien sûr au niveau de l'écriture et de l'interprétation de certains personnages. En tête de liste, il y a bien sûr Saoirse Ronan, révélation pour certains, confirmation pour ma part, la jeune actrice écumant les plateaux hollywoodiens depuis presque 10 ans, et sa révélation dans le «Lovely Bones» de Peter Jackson. L'autre rôle important, c'est celui de la mère de Lady Bird, tenu par Laurie Metcalf, plus connue pour ses nombreuses participations à des séries TV, et qui trouve ici un rôle magnifique, à la hauteur de son talent. Les 2nds rôles, prépondérants dans le ressenti face à un tel film, sont également très bien campés, avec des nouvelles stars comme Lucas Hedges ou Timothée Chalamet, la révélation Beanie Feldstein, ou bien quelques têtes connues comme le personnage de la bonne sœur Sarah Joan (exquise Loïs Smith). Le ton est une sorte de mix entre le réalisme cru et provocant de Larry Clark, avec ses ados obsédés par le sexe et la défonce (même si ça reste très minime dans le film, on retrouve cette influence en arrière-plan) et le cinéma de John Hughes (sa description d'une ville, Chicago pour lui, Sacramento pour elle, sa représentation des ados entre bienveillance et acidité, un certain humour potache). Un mélange étonnant mais qui donne un ton bien particulier au film. On pourrait aussi jouer au jeu de traquer ce qui révèle de l'autobiographie et de la fiction dans le film (le prénom de l'héroïne est Christine, comme la mère de Gerwig, l'actrice-réalisatrice-scénariste est née à Sacramento avant de partir faire ses études à New York) mais cela ne présente qu'un intérêt limité, tant l'histoire s'avère universelle. Mais tout ce qu'on peut dire ne vaudra sans doute pas ce joli moment vu dans la salle de projection : lors du moment le plus poignant du film, la jeune fille assise à côté de moi, qui devait avoir le même âge que l'héroïne, est venue se blottir contre sa maman, très émue. C'est probablement l'effet que recherchait Greta Gerwig en signant ce film, et c'est doute sa plus belle récompense. D'autres critiques sur thisismymovies.over-blog.com