"Lady Bird" est une dramédie sociale réussie, montrant le parcours tumultueux d'une ado afin de passer à l'âge adulte sans pour autant renier son passé. On a tous connu l'adolescence, ses aspirations, son rejet de l'environnement qui nous entoure et le retour sur terre, on retrouve tout cela dans ce film. En effet, Lady Bird (un surnom significatif, quoi de mieux que sa tête sur le corps d'un oiseau pour exprimer un désir d'émancipation?) agit autant par envie que par opposition à son statut social
(elle rêve d'une grande maison bien différente de la sienne plus modeste; trafique ses notes, copie sur les autres et prospecte auprès des universités afin de quitter Sacramento qu'elle ne supporte plus; s'éloigne du cadre religieux étouffant (messe le dimanche, théâtre chrétien, copine à fond là-dedans, copain homo qui se cache) au profit d'un concert de Rock, d'une nouvelle amie plus délurée, d'une première relation sexuelle, de répliques acerbes sur la religion (la critique des anti-avortement et la réflexion hilarante sur les règles) et d'actes rebelles (mettre "J'ai épousé Dieu" sur la voiture de la Soeur); elle ne veut pas subir la pauvreté de ses parents (père au chômage, mère qui travaille trop))
et tout le talent du scénario est de montrer comment cela se traduit en termes d'égoïsme
(elle rejette sa mère, son amie, sa seconde amie (car elle a honte de sa maison) et la religion)
et de relation mère-fille. Ce dernier point est d'ailleurs le plus abouti, entre complexité
(difficulté des 2 à se parler; la maturité de la mère s'oppose à l'enthousiasme innocent de la fille)
, contradictions
(les 2 ont le même caractère; elles partagent une honte sociale similaire (Christine pour sa maison, Marion pour la crainte des fautes d'orthographe sur la lettre); elles s'aiment (Marion revient à l'aéroport à la fin et dit du bien de sa fille (la lettre), Christine a besoin de sa mère pour gagner en assurance et en approbation (l'essayage de vêtement))
et apaisement
(la fille ment encore sur sa ville d'origine mais renoue avec sa mère (le plan partagé sur les routes de Sacramento))
. Les excellentes performances de Saoirse Ronan et surtout Laurie Metcalf sont pour beaucoup dans le bon traitement de cette thématique. Enfin, j'ai apprécié la finalité nuancée et tellement crédible
(Christine assume son nouvel environnement sans pour autant délaisser le précédent, un fait symbolisé par la chambre repeinte, marquant un nouveau départ sans détruit l'ancienne vie; elle accepte son prénom, se rabiboche avec ses ex copains et copines et même la Soeur)
, même si l'excès de religion ne s'imposait franchement pas. Au final, "Lady Bird" est un film très juste, drôle et touchant sur ce qu'est être un ado.