Je ne vais pas vous le cacher : sans les bons retours sur ce film, sans la nomination aux Oscars, et surtout sans le leading role de Saoirse Ronan, je pense que je ne serais pas aller voir ce « Lady Bird ». A première vue, ça sentait l’indé pas très original à plein nez et, histoire d’être honnête jusqu’au bout, le premier quart d’heure m’a dans un premier temps totalement confirmé cette impression. Mais bon, dans un premier temps seulement. Parce que oui, même s’il reste tout du long dans cette veine très indé, je trouve que, malgré tout, le long-métrage de Greta Gerwig parvient petit à petit à poser sa personnalité et – j’aurais presque envie de dire – sa sincérité. En gros, c’est tout bête, mais moi j’ai fini par m’attacher à ce personnage de Lady Bird à partir du moment où j’ai perçu comment le film entendait se moquer légèrement d’elle, de sa naïveté et de ses caprices de jeune fille en fleur. Et pour le coup je dois reconnaître une certaine habilité de la part de Gerwig dans la manière dont elle a menée sa barque. Parce qu’au fond c’est assez subtile tout ça. Le film connait les codes du genre – et il sait qu’on les connait – ainsi met-il en scène le personnage de Lady Bird de la même façon qu’un film indé le ferait pour un personnage atypique et brillant en quête d’émancipation face à un environnement à la norme aliénante. Seulement Lady Bird n’est pas un personnage atypique. Elle n’est pas un personnage brillant. Et si son univers peut être aliénant, Lady Bird est non seulement souvent peu capable de l’identifier, mais en plus elle accepte souvent et fort joyeusement d’y succomber quand ça l’arrange. Et c’est en cela que je trouve le film sympa et assez sincère. Nulle envie ici de glorifier un personnage principal en quête d’émancipation. On se contente simplement de le dépeindre tel qu’il est, à la fois dans ce qui le rend beau, sympathique, mais aussi dans tout ce qui le rend ridicule, superficiel, ingrat et gentiment puéril. Cet équilibre assez juste rend le film efficace parce qu’il décrit sans juger ; il explore sans trancher ; tout comme il use de clichés mais toujours pour mieux les nuancer après. Que ce soit à la fois chez Lady Bird que dans son univers, il y a là-dedans beaucoup de choses dont on peut se moquer, s’émouvoir, s’insurger, mais à aucun moment on ne blâmera qui que ce soit. Pas de gentils, pas de méchants. Pas de nobles causes non plus contre des institutions forcément oppressives. Juste une exploration attendrissante de la jeunesse lambda d’une jeune Américaine lambda. Et la beauté du boulot de Greta Gerwig réside justement en cela pour moi : elle a su dépeindre l’ordinaire, avec un film assez ordinaire, mais sans pour autant banaliser cet ordinaire. Bien que lambda, Lady Bird est touchante. Et ce qu’au fond on pourrait dire de ce personnage principal, on peut aussi le dire du film. Lui aussi, il est ordinaire. Mais il sait lui aussi être touchant. Bon alors après, ce n’est que mon point de vue. Donc si vous n’êtes pas d’accord et que vous voulez qu’on en discute, n’hésitez pas et venez me retrouver sur lhommegrenouille.over-blog.com. Parce que le débat, moi j’aime ça… ;-)