La malade et les aidants
Le 1er film de la franco-belge Elodie Lélu a tout pour plaire… sauf son titre, encore une fois, sans doute, imposé par un distributeur incompétent. Cette comédie dramatique tout en finesse, en subtilité et en tendresse, n’avait franchement pas besoin d’être précédée par ce titre imbécile. Manon, une adolescente introvertie de 16 ans, se voit obligée de cohabiter avec sa grand-mère Yvonne, ex-militante féministe atteinte de la maladie d’Alzheimer. La situation se corse quand Yvonne, commence à prendre Manon pour sa fille. Contre toute attente, Manon entre dans les délires d’Yvonne et rejoue le rôle de sa mère qu’elle n’a presque pas connue. C’est l’occasion pour elle de découvrir la véritable histoire des femmes de sa famille et d’apprendre, à son tour, à en devenir une. ¬87 minutes qui alterne habilement entre drame et comédie, sans un instant d’ennui. A découvrir.
Elodie Lélu s’est inspirée de son propre vécu. Ainsi, quand elle avait seize ans, sa grand-mère a développé la maladie d’Alzheimer. Elle nous confie : Plutôt que de sombrer dans la tragédie, nous avons choisi l’humour, l’excentricité ferait désormais partie de notre quotidien. Quand ma grand- mère a commencé à nous confondre les uns avec les autres, on a décidé de ne pas la contredire et de jouer les personnes qu’elle voulait qu’on soit. C’est là, exactement le moteur de ce beau moment touchant qui oscille entre plans longs et plans-séquence pour les moments émotionnels et plans courts pour les scènes comiques. La caméra est agile, les dialogues ciselés et le casting tout simplement magnifique.
Dire qu’Hélène Vincent et Olivier Gourmet sont impeccables relèvent de l’évidence. Ils sont parfaits. Quant à Fantine Harduin, que j’avais découverte en 2018 en haut de l’affiche de dans la brume avec Romain Duris et surtout dans Adoration en 2019, elle confirme ici toute l’étendue de son talent. Ajoutons les apparitions d’Emilie Dequenne, Rita Benmannana et Tom Audenaert. Ce 1er film, bien sûr encore un peu fragile, méritait mieux que ce titre et cette affiche qui jamais n’illustre ce qu’il a de juste, de touchant et d’impertinent.