Avis sur Zoo zéro

C'est une sorte de film expérimental avec une histoire à priori incohérente (voir le résumé).
L'intérêt du film (s'il existe ?) se trouve dans le style, la manière de filmer et les couleurs.
Tout se passe de nuit, la lumière (fausse) bleutée est presque toujours présente, les acteurs disent des paroles souvent incompréhensibles : ils se prennent pour des animaux. Il faut s'accrocher pour suivre tout ça. Il y a néanmoins de belles envolées esthétiques (le photographe est Nuyten). C'est bien filmé, mais ça devient vite ennuyeux. Filmé peut-être sous exctasy, à la fin du film, on toujours rien compris.
Restent quelques beaux morceaux de Mozart. Pour le reste...

Une vraie pépite du cinéma français, un diamant noir, ce que l’on fait de mieux dans le cinéma arty, des années 70. Que j’avais vu, jeune lycéen à sa sortie et que je revois en 2024 , avec la même fascination . Peut -être plus grande encore, car aujourd’hui on ne pourrait plus faire un film aussi décalé , aussi atypique , à contre-courant, aussi libre. Tout d’abord une image exceptionnelle, avec Bruno Nuytten, le grand chef Op de ces années-là, une image bleu nuit, des contre jours, des noirs profonds à la Soulages . Tous les acteurs cultes de ces années Underground : Pierre Clémenti, formidable en musicien maudit, Klaus Kinski en directeur du Zoo, père licencieux et incestueux , Rufus dans un rôle de ventriloque , très touchant, avec une scène culte où sa marionnette « Donald » nous raconte avec émotion, la révolution espagnole de 36 ,et ce « printemps de l’anarchie ». Pieral qui tient là son plus grand rôle en imprésario de stars, Alida Valli, grande star italienne, un peu oubliée aujourd’hui, et bien sûr Catherine Jourdan, actrice culte du cinéma « arty » , Indy, des années 70, d’un beauté diaphane, spectre érotique , fascinant tous ces hommes /animaux. Le scénario ensuite avec cette créativité de Alain Fleischer, onirique, poétique, sans limite. Cette chanteuse du cabaret «l’ Arche de Noè », ensorceleuse, de ces hommes animaux, ses spectateurs, la peste qui envahit les villes, cette maison close refuge des plaisirs secrets et interdits. La 2eme partie du film dans le Zoo (tourné au magnifique Zoo de Vincennes, magique, noircit et embrumé par Nuytten) nous présente la libération des animaux enfermés, (on retrouvera cette même thématique dans le récent film primé aux Césars 2024, « le Règne animal », très proche). Car finalement l’homme est faible et corrompu, et Fleischer prône le retour à l’animalité qui est en nous . Les dernières scènes des animaux libérés dans la nature, nous rappelle l’ouverture de « 2001 » de Kubrick, avec les singes à l’aube de l’humanité , ici c’est la fin , la sortie de « l’humanité » , par le retour à l’état sauvage . Superbe musique de Mozart qui accompagne toute cette dernière partie de révolution libératrice. A noter aussi la très belle chanson récurrente écrite par Gérard Kraczinsky et Fleischer « la dompteuse du cirque de Berlin » . Un film culte que l’on peut découvrir sur Youtube ou d’autre chaine .