Un film tout à fait réussi que ce Witness, dont j’entendais parler depuis pas mal de temps mais que je n’avais pas encore vu. C’est chose faite, et j’ai été convaincu.
D’abord par le casting. J’ai étonné notamment très étonné du contre-emploi de Danny Glover, qui généralement m’avait habitué à des rôles plutôt sympathiques, où il est le gentil, donc belle surprise, pour un Glover à l’aise quoiqu’apparaissant assez peu. C’est Harrison Ford qui tient le haut du pavé ici, offrant une superbe prestation, très propre, très juste, et s’avérant encore meilleur dans la seconde partie du film que dans la première en se glissant dans la peau d’un amish ! Face à lui Kelly McGillis était dans la partie phare de sa carrière, et livre une interprétation non moins réussie que son homologue Ford en tenant le seul rôle féminin d’importance. Pour le reste on notera une belle galerie de seconds rôles solides, avec Lukas Haas, tout jeune acteur prometteur ou Alexandre Godunov, bien loin de Piège de Cristal.
Le scénario est très agréable. Le film parvient surtout à offrir une excellente immersion dans un monde peu visible au cinéma, et à apporter un regard objectif et juste, à la fois sur les choix de vie des amish, et sur le monde moderne. Les deux ont leurs bons et leurs mauvais côtés, Weir n’oppose pas caricaturalement les deux, et c’est un choix payant. L’aspect policier est un peu délaissé dans la partie centrale du film, mais l’ensemble reste tout de même bien bâti. Witness alterne humour, émotion, une touche d’action, et la machine est très divertissante et très prenante.
Visuellement Weir tient la route avec une mise en scène de très bonne facture. Son film est maitrisé, dès le début il y a des plans superbes et travaillés (très belle introduction), le final aussi apporte quelques plans brillants (la marche des trois hommes avec le village sous le brouillard en arrière-plan, sublime), et l’ensemble sait naviguer dans les ambiances et les styles. Witness a des aspects westerniens, des moments bucoliques et des airs de polars urbains dans sa première partie. Les décors et la photographie sont du même niveau. Recherchée, authentique, Witness à fier allure. La musique n’est pas en reste, signé Maurice Jarre elle a de la personnalité. On regrettera peut-être qu’elle se soit concentrée uniquement sur la dimension contemplative du film, ce qui ne colle pas parfaitement à ce que ce dernier dégage.
Au bout du compte Witness est une réussite indiscutable, à la fois prenant, touchant, qui navigue avec habilité dans les registres en s’attaquant en plus à un sujet original. Quelques aspérités pourront se faire sentir, mais enfin, l’ensemble mérite amplement son 4.5.