Zulawski et Breillat même combat, ils enquillent les films foireux, et on se demande vraiment comment ils peuvent être portés aux nues avec autant de ratages à leur actif.
Mes nuits sont plus belles que vos jours est une plaie.
Les acteurs ne sont pas bons, ou plutôt il n’y a aucune alchimie entre eux. Le couple Marceau-Dutronc ne fonctionne pas du tout. Dutronc est particulièrement égaré dans ce film. Il ne fait passer aucune émotion, si ce n’est quelques sourires hébétés parfois, le regard vide. Face à lui Marceau nous ressort un personnage féminin comme les affectionne Zulawski : traumatique, folle, braillarde, pleureuse, bref, au bord de la dépression nerveuse (comme Adjani dans Possession quoi). Pourquoi pas, mais ici on vire au grotesque, à l’instar de la dernière séquence d’hypnose, grand moment de n’importe quoi. Totalement versatile, il faut aussi le dire, sur un long métrage ce genre de personnages devient vite insupportable. Quant au reste, c’est du fond, du décorum, tellement Zulawski semble s’en ficher. On en vient presque à se demander pourquoi il a tant insister pour avoir Valérie Lagrange. Les personnages restent quant à eux à peine dégrossi. On voit quand même un peu de leur passé, mais bon, c’est très mal intégré.
Le scénario est catastrophique. Il n’y a pas d’histoire en vérité. Parfois on a l’impression que le cinéma de Zulawski est un cinéma d’émotion, où le fond s’efface devant la psychologie, les traumas, bref, le cinéma de Zulawski semble avant tout porté sur l’expression des émotions, des sentiments, frôlant l’expérimental. Mais en fait non ! Il n’y a pas d’émotion dans ce film, malgré les pleurs, les cris, les sourires niais et les déclarations enfiévrées. Les dialogues sont surrécrits au point d’être grotesques, les situations sont d’une artificialité qui confine encore une fois à la bouffonnerie pure et dure (les crabes !), et le récit est d’une mollesse incroyable. Heureusement que Zulawski meuble avec des scènes de nudité (c’est toujours mieux que de meubler avec les scènes hystériques comme dans Possession), car sinon bonjour l’ennui ! Quand vous n’avez pas d’histoire, et qu’en plus tous les sentiments sont hermétiques, bref, lorsque vous êtes face à un menhir pendant 1 heure 45, ça devient difficile à supporter à la fin.
Quant à la forme, je ne peux pas dire qu’elle rattrape grand-chose. La photographie lumineuse est assez belle, et il y a quelques extérieurs qui donnent une ambiance fraiche et un peu vivante au film. Rien malheureusement qui ne puisse suffire à convaincre. Zulawski s’amuse beaucoup avec ses scènes érotiques, mais on comprend à peine leur présence, et le réalisateur se montre d’une grande placidité. Il y a tout de même une certaine sensualité qui se dégage, mais celle-ci doit énormément à une Marceau sculpturale, et, il est vrai, très belle. Reste la bande son, pas mauvaise, en tout cas assez typée, ce n’est pas énorme.
Je conclurai donc en disant que Mes nuits sont plus belles que vos jours est très mauvais. Pas grand-chose à dire de positif. Ça plaira sans doute aux adorateurs du réalisateur, qui me semble tout de même peu nombreux vu la faible notoriété de ce film, mais ce n’est certes pas du cinéma autre qu’anecdotique. 1