Complètement culte aux Etats-unis, virtuellement inconnu en Europe francophone, ‘Bill & Ted’ fait partie de ces phénomènes qui semblent protégés par une barrière culturelle inviolable, ce qui est assez surprenant car le film n’est ni particulièrement réussi, ni d’une singularité qui pourrait justifier cette incompréhension. Etant donné qu’un nouvel épisode est sorti cette année, il me semblait utile de jeter un coup d’oeil au film par lequel tout à commencé. Une fois la chose digérée, j’en ai conclu qu’il était fort probable qu’à l’âge de dix ans, j’aurais adoré les aventures de ces deux crétins qui traversent le temps et kidnappent des personnalités historiques pour cartonner à l’école le lendemain...parce que léger comme une bulle de savon et à peu près aussi profond, il s’agit du Film Cool par définition (et par extension, vaguement débile) tel qu’on le concevait durant les années 80 : il est donc devenu ringard à souhait trente ans plus tard, au point qu’on ne comprenne même plus certaines références ou certains mots, mais on versera quand même une petite larme résignée sur un temps où il était possible de suggérer dans une production familiale que le paternel se prépare à forniquer avec sa trop jeune et trop sexy deuxième épouse dans le propre lit de son fils, sans que cela suscite chez l’intéressé autre chose que le regret d’une occasion manquée de se rincer l’oeil. Avec ses références constantes à la pop-culture venue d’une époque où les geeks étaient encore simplement des enfants laids et sans amis, son atmosphère Wok’n Woll, son vague vernis pédagogique et des références - la cabine téléphonique qui voyage dans le temps - dont le scénariste n’avait même pas conscience mais qui ont fait crier au génie dans quelques cercles fermés - Bill & Ted donne l’impression d’avoir, sans le savoir, défriché le terrain pour son rejeton trisomique que fut ‘Wayne’s world, qui partage d’ailleurs avec lui une fascination pour le mot “Excellent” : même humour facile, même types con-cons qui incarnent une forme de revanche des loosers,...on a les enfants qu’on mérite et en terme générationnels, ‘Bill & Ted’ ne boxe décidément pas dans la même catégorie que les films de John Hugues.. Pour finir, il est difficile d’établir un lien évident entre la future carrière de Keanu Reeves et ce rôle d ’ado boutonneux à la coiffure problématique au sein d’un film qui ressemble à une version Live de Mr Peabody & Sherman. A moins que...attendez...Sherman ressemble un peu à Alex Winter et Mr Peabody est un chien. John Wick refroidit la moitié de New-York à cause d’un chien. Merde, il y a bien un lien finalement, aussi solide que les paradoxes temporels du film. .