Inspiré d'un livre autobiographique, la Cache réussi le paradoxal-mais pas si étrange- exploit d'être aussi riche et foisonnant sur la forme qu'il est franchement peu emballant et engageant sur le fond. Et en celà il ne détonne finalement pas tant que ça dans le paysage cinématographique français actuel.
Commençons donc par cette forme, qui passe par une reconstitution vraiment réussie du Paris de 1968, grâce aux décors et aux costumes bien-sûr, mais aussi à toute un ensemble de petits détails réalistes (les disques vinyles, le magazine Spirou, la télé en noir et blanc, etc) qui nous font replonger dans l'époque. Mais cette réussite passe aussi par des personnages singuliers et assez hauts en couleur, incarnés avec beaucoup de talent par les comédiens, sans oublier des dialogues intelligents et plutôt bien écrits.
Mais le souci, c'est que tout ce minutieux travail esthétique et stylistique est mis au service d'une sorte de fantaisie assez gentillette et pas trés emballante. Ce que réalise Lionel Baier c'est simplement une sorte de chronique familiale retro, mi-burlesque, mi-philosophique et à mi chemin entre le drame et la comédie. La Cache fait un peu penser aux films de Wes Anderson -en plus fade- avec ses nombreux personnages et son côté un peu trivial. Tout celà fini même par nous sembler incroyablement léger et anecdotique en réalité, alors même que les événements qu'il relate en toile de fond (La poussée politique de mai 68), ne le sont absolument pas.
Sauf que le film lui n'est pas construit dramatiquement, ne résonne pas avec le monde extérieur (ni celui d'aujourd'hui ni celui de l'époque) et ne dégage finalement aucune émotion particulière. On a, une fois de plus, l'impression de quelque-chose d'assez fermé et nombriliste, voire d'un film qui a été fait pour faire plaisir à soi même ou à ses potes, davantage que pour le grand public. Reste le plaisir de voir l'immense Michel Blanc dans son dernier rôle.